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Post-covid

L’humain derrière l’économie 8

Édito — il y a 3 années

Ceci est un message d’alerte.

Mercredi 28 octobre 2020.

Pour la deuxième fois, le Président de la République, Emmanuel Macron, décide de nos vies ; pour la seconde fois, le travail réalisé pour maintenir un agenda économique est balayé au nom de la solidarité sanitaire. Nous sommes en quarantaine, au nom de la vie. Mais laquelle ? 

Ce virus a déjà tout gagné ; le monde est sens dessus dessous depuis l’hiver dernier et cela va durer. 

Tout le monde comprend l’angle humain de la décision ; nous nous plaisons à penser que le monde a gagné en humanisme car il fait passer la santé avant l’économie et c’est une première. Mais, est-ce là la vérité ? Ou est-ce tout bonnement le visage de nos peurs plurielles : la peur de la mort et de l’incertitude qui nous fait paraître plus humain ? 

Pendant ce temps, l’économie s’écroule dans un fracas inaudible. C’est un bruit étouffé par la formule « quoi qu’il en coûte », alors tout ira bien. L’État casse sa tirelire avec le concours de l’Europe pour panser les plaies de l’économie ; nous parlons de 300 milliards d'euros, mais cet ordre de grandeur nous montre déjà ses limites. Ce chiffre spectaculaire est insuffisant. 

En attendant, nous égrenons les chiffres avec beaucoup de distance. Nous parlons des faillites, des plans sociaux, des nouveaux inscrits au chômage, des points de PIB en moins, etc. Nous parlons de l’économie sous l’angle de la statistique tandis que nous interprétons la tragédie de l’hôpital à l’aune de l’humain. Sauf que la statistique sanitaire est implacable : elle raconte que les morts représentent aujourd'hui ~ 0,0005 % de la population. 

Mais voilà, la France n’a que peu de sympathie pour l’économie ; elle est régulièrement raillée et vilipendée. L’humain derrière l’économie est trop souvent invisible ou plutôt il devient visible quand la tragédie concerne les salariés. 

Aujourd’hui, la tragédie est celle des entreprises, des entrepreneurs, des commerçants, des professions libérales et in fine celle des individus ; les premières victimes sont les plus fragiles et le drame s’étend jusque dans les écoles où la transmission est mise au défi, en dépit du recours au digital. Nous ne parlerons pas de la santé mentale des uns et des autres qui est mise à rude épreuve. 

Alors, quelles raisons avons-nous d’espérer ? 

Le premier confinement était une surprise ; l’effet de sidération a confiné l’imagination nécessaire pour se réinventer en temps de crise soudaine et violente. Mais surtout, un grand consensus prévalait. Le pays était une Nation unie prête à se sacrifier, l’espace d’un instant, pour donner à l’hôpital et au gouvernement les moyens de trouver le bon angle pour lutter contre un virus inconnu et tenace. 

Nous avons tous fait preuve d’une résilience plus ou moins grande ; mais, nous avons surtout relativisé, trouvé l’audace d’espérer, disputé une nouvelle stratégie pour nos entreprises et itéré sur les contours d’un nouveau monde, ce fameux « monde d’après ». 

Quelques mois plus tard, nous en sommes au même point, enfin presque : les entreprises se sont organisées avec un esprit de responsabilité commandé par l'état de nécessité ; elles ont investi énormément d’argent dans les dispositifs de sécurité sanitaire. Les chiffres semblent par ailleurs confirmer que le virus circule principalement dans la sphère personnelle, mais qu’importe, le gouvernement ne fait pas de quartiers. Tout le monde est mis au coin, jusqu’à... et bien on ne sait pas. Dès aujourd’hui, Jean-François Delfrayssi, Président du Conseil Scientifique parlait du 5 janvier sur France Inter. 

Comme si cette stratégie calendaire des petits pas saura diluer la colère. Cela a marché hier, mais cela pourra-t-il fonctionner demain ? 

Le problème est qu’aujourd’hui la pilule est amère ; nos efforts ne semblent pas avoir aidé à lutter correctement contre le virus. Alors, est-ce la bonne stratégie ? Arrêter l’économie au profit de la santé est-elle la meilleure solution ? Le Conseil scientifique en est non seulement persuadé, mais il aurait voulu un confinement encore plus sévère, soit l’arrêt total de la vie, encore, comme si la vie n’avait pas d’autre valeur que biologique, au motif que l’économie est rattrapable. C’est pure ignorance que de penser cela et pire encore de l’affirmer fièrement dans les médias (Pr Gilles Pialoux face à Apolline de Malherbe à BFM TV, le 27 octobre 2020). 

Nos vies sont entre les mains de ceux qui ont le pouvoir de sauver notre santé, mais pas la sensibilité pour évaluer l’impact économique réel de leurs décisions. Nos vies sont entre les mains de politiques et de médecins qui se donnent le droit de briser nos vies, de décider que nous préférons la vie à la mort, même dans le dénuement. 

À quel moment les choses ont-elles glissé ? À quel moment avons-nous décidé d’abandonner collectivement nos droits ? À quel moment avons-nous établis ensemble la hiérarchie de nos normes de vie, de nos besoins, de nos valeurs ? 

Bien sûr qu’il faut protéger la vie au maximum, mais est-ce juste de demander aux humains derrière l’économie de payer le plus lourd tribut ? Est-ce possible d’avoir durablement un tel déséquilibre ? 

Depuis le début de ce drame, nous voyons des commerces dont le rideau a baissé pour toujours ; nous voyons des artisans partir en retraite anticipée ; nous voyons des restaurateurs démunis, des hôteliers résilients, sinon moribonds ; nous regardons l’impuissance du monde du voyage, de la culture et de l’événementiel face à son pronostic vital engagé ; nous voyons des entrepreneurs en plein désarroi et des dirigeants en stress maximum. Depuis hier, quelque chose a changé. Le découragement gagne ; certains vont trouver une manière habile de contourner la loi pour rester en vie ; d’autres sont dans une spirale d’échec et parle de poser les armes car c’est trop dur et sans espoir à court terme. 

Des entrepreneurs courageux sont sur le point d’abandonner car le bilan des gilets jaunes, des grèves contre la réforme des retraites et, maintenant, de ce virus sans fin, est trop lourd ; notre détresse gît au milieu de nous tous et la rancœur s’installe tandis que la peur grandit. 

La fracture sanitaire vs économique est inévitable et dangereuse. Ce péril est modélisable et prévisible car l’économie va tourner en trompe-l’œil ; le simple fait d’interdire les réunions de travail est un empêchement de travailler, de prospecter. L’état nous immerge dans le digital alors qu’il est lui-même indigent en la matière, sinon il saurait que le digital ne peut pas tout, a fortiori sur une longue période. Le digital ne remplace pas les liens, notamment le contact humain des premières rencontres ; il ampute la qualité des interactions humaines et ne favorise pas toujours l’apprentissage ; le digital est un outil puissant, mais cela dépend des circonstances. Il faut par ailleurs être non pas forcé, mais en capacité de l’accueillir intellectuellement, émotionnellement et mentalement. 

Personne ne sait dire comment gérer cette pandémie, mais il est à peu près certain que nos ancêtres, ceux qui ont vécu la guerre et d’autres virus bien plus meurtriers, nous diraient qu’il nous faut réapprendre à accepter les aléas de la vie ; que lutter contre la nature ne fonctionne pas (longtemps) ; qu’empêcher la vie jusqu’à la découverte d’un vaccin est une folie ; que choisir ces options, c’est se laisser aller à penser que l’humain domine la nature alors que c’est précisément faux. 

Cette pandémie est un impensé. Elle est une épreuve qui montre la béance des maux de notre société. La scène politique est un cirque indigne tandis que la scène économique est un naufrage tragique et silencieux. 

À quel moment aurons-nous le courage d'élever la voix pour dire stop, pour affirmer que nos vies, nos entreprises ne peuvent pas être la variable d’ajustement d’un virus à durée indéterminée ? Combien de drames humains faudra-t-il pour que les médias parlent de la tragédie derrière les statistiques économiques ? Qui osera défendre l’humain derrière l’économie ? Moi j’ose le faire. Et vous ? 

 

Nicole Degbo

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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