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Changement - Société - Ci-gît l'amer - Cynthia Fleury - Ressentiment - Souffrance - Responsabilité - Sens - Confiance -

Changement 1/10

Le piège de l'apathie 1

Édito — il y a 2 années

L’homme peut, mais que fait-il ?

1

L’amertume 

Dans « Ci-gît l’amer », Cynthia Fleury commence le premier chapitre en interrogeant l’origine de l’amertume ; d’où vient-elle et pouvons-nous individuellement et collectivement y résister ? Pas facile, à observer l’évolution de la société vers une culture de la notation qui transforme, de fait, l’individu en une mesure, par nature quantifiable. Notre valeur ne serait plus définie par nous, mais par les autres. Combien d’entre nous ont la force de résister à cette tendance ? Combien d’entre nous se sentent suffisamment solides, ancrés en eux-mêmes, pour ne pas se laisser réduire à une note moyenne subjective et relative ?  

Nous sommes dans une société où il n’est plus rare désormais d’entendre différents acteurs médiatiques formuler un voeu pieux : l’égalitarisme. En son temps, Honoré de Balzac avait dit : « L’égalité peut être un droit, mais aucune puissance humaine ne saurait la convertir en fait. » Cela reste une vérité universelle, intemporelle et aucune puissance politique ne saurait changer cela. Aussi, il est dans l’ordre des choses qu’un grand nombre d’entre nous observent un écart entre leurs droits théoriques et la réalité concrète ; il est normal qu’à la longue certains puissent éprouver un sentiment de perte qui se transforme en souffrance et, à force de rumination, en amertume, au point parfois de se laisser aveugler par la rage et d’avaliser une déformation des valeurs individuelles qui diffracte « le vivre ensemble ». 

Sauf que s’enfoncer dans cette dynamique nihiliste, c’est acter son impuissance et s’inscrire dans la faillite ; celle qui consiste à accepter non seulement l’échec, mais à en faire un récit définitif qui empêche de produire une autre issue que la non-issue. Et cela commence par le renoncement à l’analyse de soi.  

2

« Causer » son mal 

La majorité des gens ressentent tôt ou tard un sentiment d’injustice, mais c’est encore plus vrai pour ceux qui espèrent que le salut viendra d’ailleurs, d’un autre, d’une puissance publique ou d’une entreprise ; la déception n’est que plus grande. 

La complexité du monde associée à la difficulté de comprendre les règles du système laissent trop de gens au bord de la route, interdits de se sentir submergés par l’affrontement des contradictions humaines. Comment supporter la réalité d’être un travailleur pauvre ? Pourquoi accepter la fatalité de sa condition humaine ? Comment emprunter l’échelle de l’ascenseur social ? Pourquoi mon engagement au travail n’est-il pas mieux récompensé ? Pourquoi la vie est-elle si dure ? Comment cohabiter bientôt avec les robots ? Qui peut me protéger ? Comment changer de vie ? Par où commencer ? Toutes ces questions sans réponse fabriquent le chaos pulsionnel du monde dont l’expression de la violence est le dégagisme politique ou l’accession des extrêmes au pouvoir ; comme si le chaos total pouvait être une solution : la vengeance du déluge pour tous. 

C’est à ce moment-là de bascule qu’il faut se ressaisir pour dépasser les passions tristes qui s’expriment par la rancœur, la jalousie, l’envie, la peur, la colère, le refus et la frustration. C’est alors un temps critique qui nécessite d’avoir le courage de « causer » son mal, en commençant par trouver le chemin pour discerner la possibilité d’un juste diagnostic afin de comprendre le sens de la frustration et sa libération possible. 

C’est ainsi, chacun d’entre nous a une obligation morale de dépassement ; c’est le seul moyen pour que le plus grand nombre accepte de faire face à sa responsabilité. Foucault parle du « gouvernement de soi-même ». 

L’enjeu est bien de dénouer les fils du réel pour produire une vérité capacitaire : « l’homme peut » rappelle encore Cynthia Fleury. 

3

Se mettre en mouvement 

Et de poursuivre « le sujet peut, le patient peut » Encore faut-il réinvestir la possibilité de penser par soi-même ; et cela implique un effort sur soi, de soi, pour soi, pour retrouver non seulement sa capacité à agir, mais également l’opportunité de se renouveler, en sublimant son passé, au profit d’un meilleur avenir. 

Nous parlons ici de dépassement, de résilience, de la force de croire en soi. Et pour ceux que le présent écrase trop violemment, demander une aide est déjà un pas vers le renouveau. 

Se mettre en mouvement demande de la méthode et de la discipline. Il faut déjà être en capacité de voir ce qui va bien pour s’y accrocher et (re)construire, peu à peu, une confiance dans l’avenir. La question du sens est un essentiel : comment en produire durablement ? Et comprendre son employabilité qui définit, par capillarité, son utilité n’est pas une tâche secondaire. Mais, ce n’est pas suffisant ; aller vers le mieux demande toujours à un moment ou un autre, un sacrifice et c’est le plus dur : consentir à une perte, au profit d’un gain futur.

Notre pays doit apprendre au plus grand nombre à investir en eux pour s’ouvrir mieux au changement, sans être tributaire des partis politiques au pouvoir. Cele ne signifie nullement que la puissance publique doive renoncer à sa part du contrat social, mais qu’elle donne à chacun l’autonomie de se développer et d’améliorer sa vie, grâce au travail et à un effort constant, tout en rappelant cette phrase d’Albert Einstein : « La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent. »

Changer de vie est une décision ; elle demande du temps, du discernement, de la responsabilité et un renoncement : celui du deuil de l’égalitarisme. 

 

Nicole Degbo

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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