#AskLaCabrik

*
*
*
*

Les informations recueillies via ce formulaire par La Cabrik ont pour finalité le traitement de votre demande d’informations. Tous les champs sont obligatoires pour traiter votre demande. Dans le cas où, ils ne seraient pas remplis, votre demande ne pourra pas être traitée. Conformément à la loi Informatique et libertés, vous disposez d’un droit d’interrogation, d’accès, de rectification et d’effacement de vos données personnelles, ainsi que d’un à la limitation et d’opposition au traitement de vos données. Vous pouvez exercer ces droits en formulant une demande à l’adresse suivante contact@lacabrik.com. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre politique de protection des données personnelles accessible via l’onglet Conditions Générales d’Utilisation de notre site.

Les Napoléons - La transmission - Legacy - Delphine Horvilleur - Apprendre - Education

Education

"La vie est une flèche"

Édito — il y a 4 années

Que signifie être héritier ?

La transmission a quelque chose de rassurant ; elle est un héritage qui dit que nous n’aurons pas besoin de partir d’une page blanche. Elle permet de se sentir singulier dans le devenir car le bagage en transmission est spécifique, personnel, familial, amical, professionnel ; bref, la transmission est une éducation. 

Et, selon le rapport de chacun à cette flamme en transmission et à transmettre, le poids de la transmission est lourd ou léger. 

Il y a celui qui transmet et celui qui reçoit. L’un peut avoir mal compris et mal transmettre, tandis que l’autre peut accueillir ou mal recevoir ce passé en héritage ; il peut s’apercevoir que le savoir est mal transmis ; mais l’autre peut également être en rejet de ce legs qu’il n’a pas choisi. L’autre peut se sentir libre de choisir. 

La transmission est donc un dialogue vivant ou silencieux, mais souvent mouvementé entre le passeur et le receveur. L’histoire montre depuis trop longtemps que nous manquons de contrôle sur le passage. Nous ne sommes jamais certains d’avoir réussi ; pourtant, nous répétons le geste, nous perpétuons la tradition de transmettre nos essentiels, pourvu que quelque chose passe, dure et éventuellement se transforme en autre chose. 

Le génie de la transmission réside dans sa transformation ; il se déploie avec le temps, se patine, se confronte et s’ajuste à l’époque pour devenir quelque chose d’adapté en dépit de l’appropriation du fil conducteur.  

Celui qui reçoit doit comprendre le sens de ce don. Mais plus encore, créer son propre sens et, pour cela, ne pas hésiter à questionner la parole, interroger le réel, oser fabriquer sa vision, ne pas renoncer à escalader des montagnes et surtout prendre des risques pour s’approprier son identité en ayant par ailleurs apprivoisé son héritage.

La transmission, c’est vivant ; cela suppose de manipuler la matière, de l’interpréter encore et encore, de la repenser encore et encore, d’en faire une habitude avant de soi-même être porteur de transmission encore et encore. La dynamique de la transmission impose donc de se sentir à l’aise avec sa matière pour se sentir libre de la manipuler, puis d’en faire ceci ou cela. 

La transmission, c’est compliqué ; sinon, comment accueillir sans heurter quand l’envie de faire table rase du passé est présente, voire pressente ? Comment s’inscrire sereinement dans le débat, dans le combat d’une tradition à jeter ? Comment s’élever dans le désaccord sans être irrévérencieux avec le passé ? Comment se disputer avec amour ? Comment faire accepter à tous le principe de l’infidélité fidèle qui signe l’esprit libre dans le cadre de la transmission ? Comment devenir tout en nuances, sans se dire que "ce sera mieux demain et aujourd’hui est à jeter ?" Ou "c’était vraiment mieux hier et aujourd’hui est à jeter ?"

Comment respecter le continuum du temps en se disant que peut-être tout le monde à raison, chacun dans son époque ? Beaucoup de questions pour un exercice qui n’est pas simple, et en même temps… 

Et si le secret d’une transmission tranquille était de se dire que "la vie n’est pas une flèche"* ? 

Nicole Degbo 

 

*Cet édito s’est nourri de la transmission de Delphine Horvilleur aux Napoléons. 

Partager

Le progrès prend du temps.

Barack Obama