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Contrat social - Progrès - Travail - Société - Solidarité - Fracture numérique

contrat social : le progrès #4

La décroissance du progrès

Édito — il y a 5 années

Temps de lecture: 6 minutes

Quelle est la vérité du progrès ? Questionner, encore questionner, toujours questionner...

1

Se débattre avec le désordre 

Le monde change, la modernité devient technologique, la démocratie gagne du terrain, la pauvreté recule, les sciences cherchent et trouvent des solutions aux maux de la société. Cependant, ces formidables avancées interrogent désormais et avec un sentiment d’urgence la question du progrès. 

Une partie significative du monde semble avoir reçu un uppercut temporel ; des millions de gens voient le monde se transformer avec une accélération que personne ne semble plus être en capacité d’arrêter, mais pour aller où ? La réponse est essentielle et va déterminer la paix des peuples à travers le monde car aujourd’hui, les citoyens sont déboussolés et cherchent une issue à une sorte de débâcle mondiale et morale. En dépit des progrès multiples et non contestés, les populations sont aux prises avec les injonctions paradoxales planétaires et se débattent avec le désordre. 

2

La crise de sens

La perte de contrôle donne aux uns et aux autres le sentiment de subir, sans avoir voix au chapitre. Cette privation d’expression diffracte le sentiment de liberté et d’égalité jusqu’à sédimenter une colère profonde, mais impuissante, qui souhaite se libérer de ses entraves. 

Mais comment faire ? S’informer devient compliqué ; or, l’information conditionne une partie du savoir. Sauf que dorénavant, chacun doit apprendre à décoder, trier et analyser l’information pour mettre à distance les fake news, puis agréger et mettre en perspective les faits pour comprendre les orientations nationales et mondiales. Voilà déjà un sentiment de sécurité qui s’effrite et qui sous-tend une menace des démocraties. 

À ce flou, vient s’ajouter une bascule de l’équilibre entre l’intérêt particulier et l’intérêt général. La question du bien commun compte parmi les réflexions des penseurs, des intellectuels, des humanistes et des politiciens, mais la réalité est dissonante ; le monde réel murmure de manière assourdissante le triomphe de l’individu sur le groupe. Beaucoup de décisions sont égocentrées et créent un désordre collectif qui fragmente la fraternité, la solidarité et là encore le sentiment de sécurité. 

La société se dissout dans un magma sans sens qui perd les plus fragiles qui ne savent plus quels leviers actionner pour exister, vivre et compter ; cela interroge l’universalité du droit à la dignité et de manière plus globale les droits humains les plus élémentaires. Cette vulnérabilité collective questionne de manière essentielle le socle de notre identité articulée depuis des années autour de valeurs citoyennes, en résonance avec une culture droit-de-l’hommiste viscérale.  

Retrouver le sens est un impératif fondamental pour interrompre la chute du découragement collectif pour construire une nouvelle société de la confiance, au service du plus grand nombre. 

3

La solidarité négative

Ainsi, il s’agit de regarder en face les affres du capitalisme tel qu’il est. Il ne s’agit pas de le condamner pour évoluer vers quelque chose de plus incertain encore, mais de revoir et de construire des nouveaux fondamentaux pour aller vers un modèle plus équilibré et plus inclusif. 

Il est nécessaire d’analyser les externalités négatives du capitalisme actuel enclavé dans une financiarisation de l’économie qui impose une gouvernance du court terme et catalyse les conflits d’intérêts jusqu’à l’absurde entre les actionnaires et l’ensemble des parties prenantes. 

Il est nécessaire de gouverner avec un pragmatisme irrigué davantage par l’intérêt général pour mieux tenir compte de la préservation de l’environnement, organiser une société qui raisonne son action à l’aune du progrès économique, technologique et social et enfin continuer à bâtir des sociétés citoyennes progressistes qui créent un arc vertueux des libertés vers les égalités, tout en garantissant les conditions d’exercice de ces mêmes droits. 

Les réflexions doivent impérativement conduire à inventer un système qui reconquiert la valeur travail. Le travail ne peut plus s’épanouir dans un déséquilibre indécent des avantages et des valeurs. Les entreprises ne devraient pas se prévaloir de valeurs humanistes quand elles utilisent les législations sociales mondiales pour produire leurs biens sur la base du moins disant social, au mépris des droits humains les plus justes. Il s’agit également et surtout de construire un système qui repose sur des mécanismes fluides d’ascension sociale pour qu’un travailleur pauvre ne reste pas pauvre à durée indéterminée, en dépit de son talent. Il faut irrémédiablement mener la bataille culturelle du travail pour que chacun puisse y voir un levier d’émancipation sociale pour vivre une meilleure vie. Il s’agit aussi de trouver le bon curseur entre les individus et le groupe pour faire cesser cette société de la compétition qui vulnérabilise la société au lieu de la consolider. 

Il faut repenser le capitalisme avec une conscience morale et encadrer la notion de « laisser-faire, laisser-passer » pour que les individus puissent rêver. 

Transformer l’économie est une réflexion essentielle à la définition d’un nouveau contrat social.

4

La fracture numérique

La révolution digitale est un autre levier à prendre en compte pour redéfinir le commun. Un grand nombre d’études expliquent l’impact du digital sur le travail, en soulignant la création de nouveaux emplois et la disparition d’un grand nombre de métiers existants. Mais quel sera donc le point de bascule ? Personne ne sait répondre à cette question et j’ose dire que personne n’a intérêt à donner la réponse aujourd’hui, à moins d'assumer de créer, sans nul doute, un sentiment de panique générale pour laquelle aucune solution d’accalmie n’existe à court terme. Le monde qui vient se construit de manière expérimentale et crée d’ores et déjà une frontière appelée l’illectronisme. Ce volcan numérique crée déjà ses premiers exclus et sans doute que le chiffre énoncé est artificiel car il ne comptabilise que ceux qui sont hors-champ du numérique. Il n’inclut pas ceux qui sont à portée de technologie, mais tout de même égarés d’observer ce monde dont les règles se redéfinissent sans cesse et dont les ambitions peuvent représenter une menace et en même temps un progrès pour l’homme. Mais même perdus, ces individus comprennent que le défi de la technologie est d’augmenter l’humain et, en même temps, de pirater l’humain pour le remplacer dans un nombre de cas sans cesse grandissant. 

Alors comment nous protéger d’une société métallique pour rester une société humaine ? 

Voici le défi auquel nous devons par ailleurs répondre pour sauver l’humanisme de l’homme. 

Une grande réflexion sera inévitable pour redéfinir les bornes de l’utilité de l’homme. Mais si la société a la responsabilité d’imaginer un modèle d’intégration numérique, chaque individu a le devoir de faire le reste du chemin. Chacun doit comprendre que l’éducation sera centrale dans cette équation. S’éduquer tout au long de sa vie sera une nécessité et non un luxe pour non seulement se mettre à niveau, mais éviter de se laisser déclasser par des machines qui seront à la fois plus performantes et de plus en plus proches du fonctionnement de l’homme. 

La question de l’équilibre homme - machine n’est pas un enjeu que nous avons les moyens de remettre à plus tard. L’urgence est ici et maintenant et les réponses sont à imaginer de manière collective et pluridisciplinaire pour impulser une nouvelle culture du savoir : apprendre à apprendre et à désapprendre, apprendre à imaginer, appendre à penser contre soi-même de manière individuelle et collective. Nous devons bâtir une nouvelle société de l’apprentissage fondée sur l’agilité et l’égalité des chances. 

L’État n’aura pas les moyens de faire face seul à cette transformation ontologique ; il devra s’appuyer sur d’autres puissances créatrices. Certaines entreprises s’engagent déjà pour une société plus responsable, mieux humaine et plus inclusive. Mais ce n’est pas suffisant. L’État devra donc réfléchir à de nouveaux équilibres au cœur desquels la philanthropie sociale et culturelle devra avoir une place majeure.

Construire un nouveau contrat social est à notre portée, mais il faut d’abord oser en rêver de manière utopique et réaliste pour bâtir un modèle possible.

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Le progrès prend du temps.

Barack Obama