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Contrat social - Education - Apprendre - Egalité - Inclusion - Déterminisme

contrat social : l'éducation #5

Apprendre des savoirs singuliers

Édito — il y a 5 années

Temps de lecture: 3 minutes

"Au-dedans de son âme, chacun possède la puissance du savoir, ainsi que l’organe au moyen duquel chacun acquiert l’instruction." Platon

1

Changer 

À chaque ministre de l’éducation, sa réforme ; il serait donc faux de dire que l’école ne change pas ; ce qui évolue aussi est le débat qui s’est installé dans le cadre et qui interroge de plus en plus le rôle de l’école. Plus précisément, ce qui est en jeu va au-delà de l’école, car il s’agit d’éducation. Que transmet-on aux élèves ou aux étudiants ? Avec quels bagages entreront-ils dans la vie active, vers la vie d’adulte ? Comment sauront-ils se confronter à l’âpreté du système qui se drape dans la philosophie du collaboratif mais valorise concrètement un modèle de compétition qui catalyse en particulier les différences sociales et célèbre l’individualisme ?

Face au monde qui vient, les personnes seront de moins en moins jugées à l’aune des connaissances acquises, mais de plus en plus selon leurs aptitudes à transformer leurs savoirs en une matière utile, qui crée de la valeur autrement différente du bachotage professionnel ; faire l’étalage de ses savoirs sera relayé au rang d’art vivant, mais ne suffira plus à réserver une place au soleil. 

Les grandes écoles devront à l’évidence réinventer leur manière d’éduquer tandis que les écoles des quartiers défavorisés devront apprendre à développer un autre état d’esprit de la transmission. 

Les quartiers défavorisés, les REP, les zones de déshérence éducative devront utiliser l’optimisme et la psychologie positive pour tromper la fatalité. 

Les grandes écoles quant à elles devront apprendre l’humilité pour faire de la place à l’écoute, à l’altérité sociale pour mieux comprendre le monde et développer un esprit social en réponse miroir à l’esprit économique. 

De manière générale, il va falloir revivifier le sens de l’école et stopper la polarisation des chances entre les élites et les laissés-pour-compte. 

2

Raisonner 

Le système doit changer pour viser plus que la simple mission d’éducation. Il ne s’agit pas seulement de poser les conditions d’un apprentissage pluridisciplinaire pour remplir les cerveaux de connaissances plurielles ; non, il est question d’apprendre aux générations en devenir de raisonner pour devenir des citoyens éclairés de manière générale et particulière et faire ainsi face à un monde de plus en plus complexe. 

Ainsi, au-delà de l’enseignement des matières, l’enjeu est d’assurer la compréhension des savoirs avec une mise en perspective pratique et systémique. Il s’agit donc d’apprendre en étant connecté au monde réel. L’idée est de sortir de la logique rationnelle pour se confronter aux injonctions paradoxales propres au monde professionnel. En effet, la théorie ne cesse de se faire tordre le cou par la pratique et vient perturber la cohérence des connaissances acquises. 

L’enseignement doit évoluer vers une dynamique pragmatique, expérimentale et sociétale tout en continuant de faire lien avec l’histoire, la géopolitique, les modes d’expression dont l’art oratoire et les matières en vogue telles que le digital, les neurosciences, etc. 

Un des rôles essentiels de l’école est de neutraliser autant que possible la naïveté des jeunes générations pour au contraire développer une nouvelle voie de maturité susceptible de les préparer à avoir une véritable autonomie morale. 

L’école a l’ardente obligation de donner de meilleurs repères pour guider les nouveaux adultes dans la jungle de plus en plus sauvage du monde réel.  

3

Expérimenter 

Former à la lucidité ne signifie en aucun cas de renoncer à la dimension utopique du rêve nécessaire pour changer le monde. Cela implique juste d’apprendre à combattre les imperfections du monde avec des instruments ambitieux, mais réalistes. 

Changer le monde avec clairvoyance donne une certaine vitalité pour explorer les solutions et expérimenter les protocoles. C’est poser les fondamentaux d’une curiosité active pour poser question à tout et chercher les réponses en imaginant toutes les hypothèses plausibles pour créer de l’impact. Il s’agit donc de challenger l’ordre établi pour faire le tour de la question avec d’autres regards : obliques, croisés, expérientiels, socio-culturels, etc. 

Enseigner doit inculquer la culture du doute à travers le débat. Les enseignants doivent lâcher la posture d’autorité qui cabrent un nombre grandissant d’élèves pour évoluer vers un modèle plus horizontal, interactif et impliquant qui consolidera non seulement leur légitimité, mais les rendra plus forts et indispensables. 

L’enseignant doit accepter de se laisser pousser dans les cordes avec méthode pour laisser émerger des raisonnements différents, mais pas nécessairement faux. C’est poser les bases de l’intelligence collective pour offrir à chacun la possibilité de s’exprimer et accepter l’état d’inconfort de tous. 

Le défi est le lâcher-prise tout en conservant la maîtrise du fil de l’enseignement car c’est un métier. C’est un métier qui doit sortir de son registre en mode combat, pour s’apaiser et entraîner désormais les élèves à une meilleure concentration. Et, nous le savons tous, la concentration se combat avec la passion du sujet. Et c’est bien cette ligne de crête qui justifie que certains cours sont vivants et d’autres à peine, et surtout que des années plus tard, d’anciens étudiants sont en capacité de nommer tel ou tel professeur qui d’une manière ou d’une autre à créer un impact si fort que la vie en a été changée.   

4

Déterminer  

L’école a la mission de participer à la construction d’une société de la confiance. Elle est un des acteurs en capacité de rompre, dès les premières heures de l’existence, les digues d’une société figée en matière d’égalité, en dépit d’un modèle de redistribution sociale très performant. 

L’école compte parmi les premiers lieux où la lutte contre l’inégalité des chances prend tout son sens. C’est un état d’esprit qui s’incarne dans les soft skills valorisées. C’est l’esprit d’un discours, d’une parole optimiste prononcée avec régularité pour apprendre à tous le respect ; le respect de soi-même, des autres, des adultes en responsabilité, de la société. L’école est une zone de civisme à renforcer car elle a invariablement un impact sur l’estime de soi qui structure de fait le droit à l’ambition. 

L’école doit lutter de manière fondamentale contre les biais socio-culturels ; elle doit invalider les mauvais biais de confirmation, lutter contre le conformisme social, encourager la confiance en soi, apprendre à se faire une place, réduire à néant les luttes de pouvoir liées à la réputation qui créent des mécanismes de rejet et aussi désacraliser l’échec pour impulser une dynamique éducative nourricière. 

L’école doit endiguer les réflexes d’inhibition sociale pour encourager la prise d’initiative et installer l’idée que le progrès prend du temps, mais n’arrive jamais sans un travail régulier, méthodique et intelligent. 

Enseigner doit être créateur de sens et accompagner chacun à développer sa singularité propre pour être aux commandes de son histoire de vie, dans le respect de la différence et avec un esprit de coopération. Oui, l’école doit incarner les valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité. 

C’est en faisant ce chemin-là que l’école va aider à remodeler le modèle de reconnaissance sociale du pays. 

L’école a un rôle crucial dans la capacité d’un individu à devenir car elle émancipe en donnant certains leviers d’individuation. C’est l’ensemble du système qui doit pivoter : les parents, les élèves, les enseignants et l’Etat à travers l’agilité du cadre de jeu. 

 

Une société doit avoir des penseurs et des makers ; mais les deux doivent s’immerger dans un monde qui ne peut se penser correctement qu’à travers une réflexion holistique et systémique pour voir le monde avec les bons yeux et penser les solutions avec un esprit social et économique. 

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S'extraire des soubresauts du temps court.

Fernand Braudel