Transformation digitale
Tech toi-même !
Publications — il y a 5 années
Temps de lecture: 3 minutes
De quoi le digital est-il le nom ?
Le digital est arrivé tranquillement puis par effraction changeant significativement le visage du marché. Est-ce pour le mieux ? Et bien, ça dépend des raisons pour lesquelles l’entreprise choisit d’embrasser cette tendance désormais durable.
Disruption
Au départ, la magie du digital était incarnée par des acteurs ovniesques qui rêvaient de casser les codes et de faire la peau aux modèles traditionnels. C’était l’instrument d’un rêve, d’une ambition pour accélérer la croissance d’autre chose. C’était une époque tranquille ou le temps n’était pas une urgence, où bricoler dans son garage était une aventure admirable et où l’exostisme du génie de quelques-uns emportait la conviction de certains investisseurs.
Puis, au gré du temps, ces entreprises épatantes sont devenues des maîtres du monde de l’économie du digital. Et, le réveil fut difficile car le marché s’est aperçu que le rêve avait fonctionné. Oui, ces outsiders ont su croire en leur génie pour imposer de nouvelles règles plus ou moins morales, mais légales. Ce sont aujourd’hui les GAFA(M) et, désormais, et surtout, plus récemment les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), les géants du Web chinois.
Impuissance
Ce leadership économique signe le règne de la nouvelle économie et entraîne une nouvelle tendance : les entreprises de l’industrie brick & mortar se sentent ébranlées. Comme un aveu contagieux d’impuissance, elles se ruent à la conquête de leur modernité et donc de leur survie, à travers le digital. Des milliards sont dépensés pour acheter la disruption technologique pour laquelle les entreprises nourrissent une quête sans fin.
Sauf que l’innovation répond "catch me if you can" ! Et, voilà que les cabinets de conseil ont une activité florissante car ils vendent à coup de marketing et de talents vertébrés la possibilité d’un rêve. Et alors, chaque entreprise dans son corner, accompagnée de son conseil plus ou moins fulgurant espère le miracle et trouble la quiétude intranquille des collaborateurs avec une multitude de projets, mais sans multitude de la croissance, sauf pour quelques-uns.
Errance
Ce que cette errance raconte est simple : la technologie n’est pas magique. Elle n’a de sens que si elle répond à une stratégie bien précise. Le détail n’a pas besoin d’être précisé, mais le cadre doit être réfléchi, imaginé pour impulser un mouvement cohérent et inspiré par le sens pour ne pas désorienter l’entreprise.
Le défi devient celui de ne pas perdre son temps, son argent et des collaborateurs avant de finir de s’alléger ensuite de clients. Il s’agit donc de faire preuve d’humilité pour apprendre à ralentir quand le sens est perdu ; oui, décélérer pour se poser les bonnes questions et accepter non seulement de douter, mais aussi de chercher avec ses équipes, à hauteur d’homme, sans les déposséder de l’enthousiasme rugueux de cette chasse au trésor en leur imposant des consultants partout, qui vont penser à leur place pour justifier le coût de leurs honoraires. C’est le jeu, c’est le deal.
Le challenge est donc de faire gagner son entreprise en dépit des incertitudes et de l’agressivité d’un marché devenu mondial.
Choix
Avec du recul, que peut-on dire du digital ? Et bien qu’il est tantôt un business model, tantôt une facilitation. Mais, il faut choisir car de cette inclination dépend tout le reste. Le digital fait pivot, mais n’est pas inéluctablement l’alpha et l’oméga de l’entreprise.
Le digital est une technologie géniale pour relier l’entreprise, personnaliser le service au client, inventer des expériences clients extraordinaires. Le digital peut être un conte des 2 cités. Il peut faire le lien entre des mondes a priori irréconciliables. Il peut changer la donne et accélérer la croissance et organiser une vraie rupture de modèle. On voit certains géants du CAC 40 envisager leur avenir par le prisme du digital comme fondamental du cœur de l’entreprise. Cela donnera des beautytech et un ensemble de barbarismes qui se termineront de toutes les façons par tech.
People
Et où sera l’humain dans tout cela ? Nécessairement quelque part, mais moins important en nombre sans doute. Donc, chacun devra mener la bataille de son agilité, pour conquérir sa place contre le robot ou à côté du robot, pour devenir alors un humain augmenté du digital lui-même augmenté par le big data.
L’humain sera particulièrement clef dans les entreprises qui utiliseront le digital comme élément de facilitation mais dont la dimension essentielle ne sera pas réductible au digital. Il faudra faire des choix en conscience claire. Il faudra choisir une direction et en abondonner d’autres, car le digital n’est pas magique. Il ne fera pas votre entreprise à votre place.
La création de valeur du digital est volatile, mais surtout elle exige de l’intelligence, de la rapidité et de l’agilité. Elle oblige encore à penser différent dans un schéma simple et, en même temps, complexe. Cette bataille-là demande le meilleur de l’humain et, dans les moments de paresse ou de relâchement, elle aime à affirmer "tech toi-même", au risque de tout perdre !