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Prendre soin
Actualités — il y a 6 années
Prendre soin... Voilà une injonction dont la douceur incite à agir et pourtant... La société se noie dans ses injonctions paradoxales au risque de perdre le lien humain qui nous unit.
Prendre soin des malades
Notre système de santé dysfonctionne mais il est, à l’origine, d’une grande humanité. Nous l’avons conçu pour offrir un service minimum, jusqu’aux plus démunis et ça coûte cher. La nécessaire rationalisation des coûts pour équilibrer le budget réinterroge la mission de l’hôpital.
Comment prendre soin avec la meilleure efficacité ? Comment soigner en faisant de la place ? Comme guérir sans occuper trop de lits ? Comment prendre soin en étant de moins en moins nombreux ? Comment ne pas maltraiter en renvoyant les plus fragiles chez eux, car les lits sont manquants et les priorités donnent le rythme ? Comment prendre soin du personnel soignant ? Comment prendre soin des aidants ?
Tout tourne autour du budget, mais l’essentiel n’est pas une question de budget. Il faut assurer la mission première de l’hôpital, en lui redonnant du sens. Pour cela, il faut donner la parole aux postes frontières ; à ceux qui sont en premières lignes pour incarner la mission, en dépit des contraintes opérationnelles et avec humanité ; humanité car le client, le patient, le malade ne devrait en théorie pas souffrir de l’entropie du système de soin.
Prendre soin de nos vieux
La question des personnes âgées est un scandale à visage humain. L’humain a déserté l’engagement, la raison a perdu son chemin et tranquillement, sans effroi, des milliers de vieux sont amputés de leur dignité parce qu’ils sont en état de faiblesse. Des milliers de vieux sont en situation de solitude et de dépendance et donc des milliers de vieux sont maltraités dans une forme d’indifférence générale. Oui, le système coûte cher mais il coûte certainement trop cher pour offrir un traitement aussi désincarné.
Il faut repenser la question des vieux dans notre pays, repenser le lien, repenser le soin, repenser les lieux d’accueil. Ce sont nos vieux, nos pères, nos mères, nos grands-parents ; ils représentent une histoire générationnelle que nous n’avons pas le droit de mépriser. Nous devons leur permettre d’avoir une fin de vie aimable et respectable. Une fin de vie qui ne leur dit pas : "vous êtes un fardeau".
Prendre soin de nous
C’est d’abord prendre soin de notre santé ; se bouger pour rester dynamiques et dans un corps sain. C’est arrêter de faire des choses dont on sait par avance qu’elles vont nous rendre malades, c’est être responsables. C’est penser à la chance que nous avons de pouvoir nous soigner, mais penser au drame que nous pourrions connaître en risquant de tout perdre, car nous ne faisons pas attention, et notre inattention coûte cher, trop cher, pour un système déjà à bout de souffle. C’est intégrer dans le parcours de soin l’influence de certaines médecines douces.
Mais c’est aussi prendre soin des liens humains. Les réseaux sociaux explosent mais la solitude implose. Les gens slashent tant de choses, jusqu’à l’essentiel, jusqu’à perdre le sens des autres. Les gens se parlent de moins en moins et notre humanité glisse à l’insu de notre plein gré, tandis que certains pays utilisent désormais des robots comme gens de compagnie, pour tromper la solitude, pour tromper le célibat, pour tromper la misère sociale et bientôt sexuelle.
Et bien, je crois que nous devons y penser : "pour que tout change, il faut que tout change."
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