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Pouvoir - Dirigeants - Jeux politiques - Politique - Economie - Usure - Sursaut - Borgen - L'empereur Hirohito - Machiavel - Sun Tzu - Courage - Vladimir Jankélévitch -

Série d'été

L'épreuve du pouvoir

Publications — il y a 3 années

❛Le succès n’est pas définitif, l’échec n’est pas définitif. C’est le courage de continuer qui compte.❜ Winston Churchill

1

Les jeux politiques 

Machiavel a dit : ❛Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé.❜ L’histoire nous montre tous les jours qu’il est plus dur d’être craint que d’être aimé. 

Diriger implique une concentration absolue ; la solitude est quasi inévitable tant la charge est lourde et complexe, mais la prudence est un impondérable. La confiance est une vertu du pouvoir : en soi et dans les autres ; mais, l’idée même de loyauté est mise à rude épreuve. Actons déjà que la confiance cohabite avec les secrets ; la discrétion et la confidentialité sont des comportements irrémédiablement nécessaires pour le bon exercice du pouvoir. Dès lors, actons aussi que personne ne sait tout ; l’information est précisément utilisée comme une arme d’influence dans l’équilibre des forces. Et, tout le monde joue à ce jeu-là, même à l’insu de son plein gré.

Alors, pour reprendre Sun Tzu ❛garde tes amis près de toi, et tes ennemis plus près encore.❜ En effet, le pouvoir polarise et clive : il attire les bouffons, confirme les véritables soutiens, éclaire ou indiffère les acteurs neutres et nourrit les détracteurs ; c’est dans l’ordre des choses. Cependant, il faut se méfier des faux-amis capables de jouer avec l’ensemble de la palette du registre, selon la nature de leurs intérêts.

L’autorité est donc sans cesse éprouvée ; chacun teste les limites, selon sa propre séquence. Ainsi, il faut savoir non seulement être clairvoyant, mais résister à l’épreuve du temps, en maitrisant, comme nul autre pareil, la science du compromis. 

Le pouvoir gagne à être agile dans son exécution, sans toutefois renoncer à sa fermeté et à sa dimension dissuasive ; l’écoute est précisément le socle de cette agilité, mais plus encore, elle doit se faufiler entre les lignes pour renifler l’atmosphère, décoder les signaux faibles, les attitudes, les non-dits, les silences, les fluctuations de la voix et l’instrumentalisation du temps… et des autres.  

Le pouvoir est un jeu d’échec qui, en réalité, est fondamentalement humain. L’intelligence intellectuelle est à mettre au même niveau que l’intelligence émotionnelle ; l’esprit compte autant que la tactique et, c’est précisément la compréhension de ce qui se joue dans le temps qui permet aux dirigeants de saisir la puissance, la fébrilité ou la fragilité de l’instant pour agir à propos. 

La tâche est immensément difficile car l’enjeu est bien de durer et de se préserver.  

2

L'usure

L’alchimie du pouvoir est indéniablement fragile. Et, le plus difficile est de canaliser la part d’humain dans l’équation. 

L’empereur Hirohito, lors de son discours annonçant la capitulation du Japon, le 15 août 1945,  résume bien ce qu’il y a à faire en disant ceci : ❛Prenez garde à ne pas laisser éclater des émotions qui pourraient engendrer des complications inutiles ou des disputes et des querelles fratricides susceptibles de semer la confusion, de vous faire sortir du droit chemin et de vous faire perdre la confiance du monde.❜

Maîtriser, se contrôler et se protéger est un art qui finit par isoler, le pire étant une déconnection inconsciente du réel ; le processus est d’autant plus complexe que trop souvent, l’entourage s’enferme dans une complicité silencieuse. Les uns se taisent par peur d’éventuelles représailles, d’autres par conformisme ou indifférence et les autres par découragement ou calcul. Sauf que l’absence de contradictions crée des errements qui diffractent le pouvoir, à force d’entamer l’unité et le soutien, notamment des premiers fidèles. 

Les tenants du pouvoir ont, de fait, la lourde responsabilité d’être vigilants pour mettre à distance tout sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute puissance. Et, l’enjeu est important car avoir du pouvoir ne doit pas être synonyme d’une confiance excessive en son propre jugement et d’un mépris pour les critiques et les conseils d’autrui, au point d’opposer un refus de s’encombrer de nuances et d’envisager les conséquences de ses actes et de ses décisions. 

Ainsi, le vrai danger du pouvoir, c’est l’hubris qui finit par entamer puissamment la légitimité du pouvoir, le pire étant de faire l’unanimité contre soi. 

S’il vaut mieux être craint plutôt qu’aimé, la légitimité a son rôle à jouer. Et, elle exige ne se pas se mettre trop à découvert afin de conserver une part de mystère qui peut, sans aucun doute, cohabiter avec la transparence nécessaire pour bien diriger dans la durée. 

L’équation du pouvoir est une rude tâche : s’exposer, mais pas trop, regarder la brutalité des faits, dire le réel, agir avec équité et courage, déjouer les complots, sans trahir ses convictions et son honneur, se montrer humain, sans être à la merci de ses propres vulnérabilités, etc. 

Diriger est un art difficile qui s’exprime brillamment ❛en endurant ce que l’on ne saurait endurer et en supportant l’insupportable❜ pour reprendre les mots de Hirohito. 

Aussi, quand le découragement s’installe durablement dans l’antre du pouvoir, il faut savoir créer un sursaut. 

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Le sursaut

Vladimir Jankélévitch parle du courage et dit la chose suivante : ❛Le courage choisit dans la nuit ; mais cette nuit est le lieu d’une révélation, mais cette nuit ne dure qu’un instant, comme la révélation soudaine où quelque chose se dévoile ne dure qu’un instant. Le fiat du courage est donc à la fois fulgurant et aveugle ; il est étincelant, apparition évanouissante.❜ Il résume ceci en cela : ❛C’est la joie de démarrer dans la douleur inchoative de risquer.❜

Quand la chute est un mouvement lancinant et indéniable, l’arrêter demande avant tout le courage d’y faire face pour identifier les bonnes contre-mesures. 

C’est notamment dans ces moments-là qu’il est salutaire d’avoir un bon sparring partner ou un spin doctor pour faire le bon diagnostic, élaborer la bonne stratégie et agir en allant vers son risque. 

Une chute ne s’endigue pas mollement ; il faut un un électrochoc pour marquer les esprits et retourner la situation. Cela exige un engagement lucide qui dépasse les peurs, dont celle de perdre le pouvoir. S’accrocher vainement à son pouvoir, sans faire ce qu’il y a à faire ou se plaindre en guise de stratégie, est assurément le chemin de la défaite. 

Le sursaut précède certes la conquête, mais laquelle ? La crise de pouvoir est un autre moment inaugural qui pose l’autre question fondamentale : le pouvoir : à quel prix ? C’est aussi quand il s’échappe que les valeurs sont mises à rude épreuve car il s’agit de déterminer si "la fin justifie les moyens" ou encore d’établir le curseur du "jusqu’où aller trop loin". 

Vient alors le moment de (re)questionner les raisons du pouvoir : Pourquoi diriger ? Et, si la notion de progrès (politique, économique et/ou social) est absente de tout désir, alors la noblesse du pouvoir est manquante.     

❛Cultivez les chemins de la droiture, de la noblesse de l’esprit, et travaillez avec détermination de manière à ne pas vous laisser dépasser par les progrès dans le monde❜ disait Hirohito. Pour avoir du pouvoir et le garder durablement pour de bonnes raisons, encore faut-il savoir faire ceci ?

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Le progrès prend du temps.

Barack Obama