Entreprendre
Le huit-clos des montagnes russes 3
Journal de bord — il y a 7 années
Temps de lecture: 2 minutes
De l'air, de l'air, de l'air, pour vaincre ce huit clos qui n'est pas du cinéma.
Les entrepreneurs sont les nouveaux rockers du capital ; ils se sentent portés par l'énergie du moment et le sentiment d'être utiles, en plus de la fierté propre à la vocation entrepreneuriale : construire.
L'entrepreneur est normalement gainé par une vision, par son ambition à chaque instant du projet. C'est donc cette inspiration de chaque instant qui guide toutes les décisions, en dépit de tous les obstacles qui visent à tendre vers des compromis.
Ah oui, trancher au milieu pour avancer quand même. Voilà donc un vrai dilemme ; un duel entre le pragmatisme et le geste de chef d'œuvre. Comment ne pas être enclavé par la dure réalité de la vie, celle du capital qui aime le risque, mais dans un schéma précis voire corseté ?
Nous voulons devenir une nation d'entrepreneurs parce que c'est chouette parce que cette perspective "groove" à nos oreilles et nous permet de porter notre fierté nationale en étendard, comme si nous étions en réalité en compétition avec le monde entier.
Mais à bien y réfléchir, méritons-nous de vaincre cette nouvelle guerre économique mondiale ? Que faisons-nous pour anticiper une telle victoire ?
Nous aimons nous enorgueillir du nombre de nouveaux chefs d'entreprise, nous faisons un décompte finalement assez joyeux du nombre de start-up, revendiquant alors notre courage national, notre capacité à prendre des risques. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Nous ne faisons aucun distinguo entre les projets, non pas qu'il y ait sur le fond des projets moins valables que d'autres... quoique ? Mais, à l'origine, il y a surtout des projets plus risqués que d'autres et pour sûr, le risque est relatif.
Il devrait être entendu qu'une belle idée prometteuse doit pouvoir trouver des financements pour se réaliser mais, si vous n'êtes pas rentier, fils de ou ami de, la création d'entreprise devient une falaise d'obstacles à vaincre. Oui oui, l'Etat sera prompt à expliquer que vous pouvez entreprendre car le système sera là pour protéger les entrepreneurs, mais le temps des décisions est un tempo pensé par des technocrates qui ne sont pas encore convertis au temps court, au temps agile, à cette vitalité du chronos chérie précisément par les entrepreneurs et plus spécialement les start-up.
Les banques quant à elles, vous accompagnent virtuellement ; leur présence est corsetée car le 0 risque régit tout. Atmosphère, Atmosphère...
Le temps est donc venu d'être une nation digitale au sens propre et figuré du terme. En effet, tout va vite et une seconde peut indéniablement faire la différence. Notre responsabilité est de faire un saut quantique entrepreneurial pour que les entrepreneurs, les vrais, ceux qui prennent tous les risques, au péril de leur propre équilibre, de leur confort et cætera soit véritablement honorés, car à encourager sérieusement le risque maîtrisé avec une réelle agilité, ce sont les emplois de demain que nous créerons et protégerons, au bénéfice de la nation toute entière. Et, les entrepreneurs enclavés dans une inévitable course contre la montre, à l'image des montagnes russes, pourront enfin se réapproprier le temps, ce trésor universel.