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Burn-out - Care - Travail - maladie professionnelle -

Care

Le burn-out : un glissement de l'âme...

Actualités — il y a 6 années

Temps de lecture: 2 minutes

Le burn-out devient un mot-valise pour plaquer-coller une réalité douloureuse vécue par les salariés.
Notre responsabilité est de respecter la profondeur presque baudelairienne de cette affliction qui cloue l'âme au sol, KO de tout.

Le burn-out, voilà un mot dont la réalité n'est pas belle. 
C'est l'histoire d'une triste et profonde séparation, celle de l'âme d'un individu qui se détache de manière impérieuse et sourde de son entreprise car le sens de son engagement s'est noyé dans des eaux profondes sans possibilité de remonter à la surface.  

Le burn-out est un esprit malin qui se glisse lentement dans le corps, s'y installe confortablement et se déclare une fois que l'ancre est jetée prenant alors le pouvoir sur l'homme. Il agit comme une encre sympathique pour faire prendre conscience de l'évidence : le charme professionnel est rompu et le corps rend les armes, trop fatigué pour ressentir véritablement quelque chose, passant alors du statut de sujet à celui d'objet. L'enjeu est clairement de se réapproprier son identité humaine, mais comment faire ? 

Il faut imaginer la violence de ne plus se sentir maître de soi, de se confronter à la simple difficulté de rester en vie quand tous les sens se livrent un combat à arme inégale, celui de se laisser couler avec le corps abîmé qui pousse dans cette direction, et l'esprit qui sait que le moment est crucial, mais tourne et raisonne à vide, comme lesté par des poids lourds qui maintiennent l'individu cloué au sol, KO de tout. 

Si on remonte un peu le temps pour se situer avant la déclaration de cette tempête intérieure, il faut comprendre que ce mal relève d'une mécanique invisible, mais bien huilée. Ce n'est pas une dépression au sens classique du terme ; c'est précisément le corps qui donne l'alerte à grand bruit pour protéger l'individu qui, au travers de son implication professionnelle, est dans un registre de renoncement de soi, au profit de l'entreprise. C'est un style de collaboration qui épanouit a priori le salarié, heureux de donner autant à son entreprise qui, dans son esprit, le vaut bien. Le burn-out relève donc, en réalité, d'un choc qui brise ce pacte moral. D'aucuns parlent d'un chagrin d'honneur ; à raison, car c'est une profonde rupture, c'est un collapsus qui témoigne d'une césure insensée entre deux corpus de valeurs devenues antagonistes. C'est une sorte de réveil d'un rêve devenu cauchemar au cours duquel l'individu se sent spolié ; il est alors anéanti par un singulier manque de considération qui balaie tout sur son passage et pose de manière péremptoire et irréversible la question du sens de l'engagement professionnel, en particulier pour son entreprise dont le visage est désormais empreint de laideur. 

Cette affliction questionne clairement le monde professionnel sur la qualité du management, l'authenticité des valeurs déclarées et la place de l'individu dans l'organisation, son rôle dans la concrétisation d'une réussite et en filigrane sa place sur la photo pour raconter l'histoire. 

Le burn-out est un glissement de l'âme évitable si nous choisissons collectivement de mettre les salariés au centre pour bâtir un destin commun dont l'épaisseur sera en définitive un salut de l'âme. 

Nous avons me semble-t-il l'ardente obligation de sanctuariser l'engagement des salariés, le vrai, celui qui force le respect, pour sauver le gladiator qui gît en chacun d'entre nous dès que le combat pour cette histoire d'entreprise a du sens. 

Vœu pieu, conte onirique ou prophétie autoréalisatrice ? À nous de le dire... et en chemin, n'oublions pas que "le plus court chemin vers soi passe par les autres." Emmanuel Levinas. 

Aux âmes blessées et... aux autres !

Nicole Degbo 

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Article publié dans Les Echos, à lire ici.

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