La passion
Publications — il y a 5 années
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Devenir passionnément cinglé pour conquérir la curiosité de la vie.
La passion entretient sa flamme au confluent de l’engagement, de l’énergie et de la folie. Elle est un engagement de soi à soi, pas tout à fait rationnel, et en même temps pas complètement irrationnel.
La passion crée une insondable curiosité qui structure, dans un tempo au long cours, une attention, une frénétique faim de découvrir des choses pour nourrir l'esprit de connaissances circulaires qui viennent compléter la maîtrise d’un sujet ou d’une activité qui confine parfois, sinon souvent à un don.
Le passionné n’est jamais rassasié ; c’est un engagé qui donne et qui reçoit ; c’est un actif inspirant qui étonne par son endurance, sa résistance par-delà le temps à chercher, à bêcher, à étoffer un savoir qui se transforme au contact d’un savoir-faire.
Le passionné a une énergie qui brûle en lui et consume plutôt les autres que lui-même. Cette vitalité observée évolue en contraste avec l’énergie plutôt « lac tranquille » du plus grand nombre.
Ce dynamisme sourit à la vie, il est joyeux, poétique, nourrissant car une porte en entraîne toujours une autre ; c’est une quête sans fin, un voyage en terre inconnue qui ne semble pas avoir de stop. C’est une vie emplie de plaisir, d’ouverture et d’une forme d’innocence ; c’est l’humilité de comprendre que le savoir n’a pas de fin.
La passion est aussi une désobéissance car elle est libre ; elle refuse l’ordre établi et ne se cantonne pas au cadre ; elle désire vivre sa propre expérience et cherche une existence par-delà les frontières ; elle travaille à son œuvre, c’est-à-dire la combinaison de ses partitions ; le passionné est l’interprète de ses connaissances.
La passion est la détermination curieuse d’êtres passionnément cinglés.
Ce n’est pas juste cette image aérienne d’un engagement coloré qui se transforme en quelque chose, tantôt une œuvre d’art, mais souvent un art de toute façon. Non, la passion prend son sens avec une montagne de travail, de sueur et parfois de souffrance, à la différence près que le passionné ne se sent pas travailler. Vivre sa passion est vivre son bon plaisir. C’est le temps qui passe, qui file sans horizon car la quête est parfois douloureuse, mais toujours merveilleuse ; elle apprend et complète ; elle se moule dans le passé, le présent et se tourne vers l’avenir.
La passion est l’apanage des créateurs qui ne sont pas nécessairement des innovateurs. Mais, cette énergie favorise le renouveau, le regard oblique, la capacité à penser différent ; la passion entraîne de fait une incarnation singulière et permet alors de rendre possible l’espoir porté par Nietzsche : « Deviens qui tu es ».
Ainsi, la passion ne devrait-elle pas être une quête des entreprises qui se noient par trop souvent dans le paradoxe de la tempérance exigée au nom du conformiste vs. la pensée originale pourvoyeuse d’innovation ? Bien-sûr que oui, si chacun comprend que la passion est une grâce !