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Recrutement

Une histoire française

Édito — il y a 1 année

❛La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile.❜ Hippocrate

Je parle assez facilement de mes idées, notamment celles qui touchent à mon métier ou à mes valeurs. Mais, il est vrai que je me raconte peu, à titre personnel. Je parle encore moins de mes proches. 

Pourtant, j’ai envie de vous raconter une histoire française qui murmure à elle-seule les raisons pour lesquelles la question du travail est difficile en France. 

Voilà une amie d’enfance, immigrée, française d’origine étrangère ; issue de l’aristocratie iranienne. Eduquée, cultivée et parfaitement au fait des codes socio-culturels de la société française. 

Elle est drôle, très intelligente, créative et dotée d’une imagination rare. Elle écrit merveilleusement bien et raconte des histoires comme personne. 

Elle est multi-diplômée ; trois diplômes en droit et un autre dans les relations internationales. Elle s’est essayée à l’entrepreneuriat très tôt avec des réussites et des échecs comme beaucoup de gens. Elle est proche des autres. 

Elle est polyglotte ; elle parle quatre ou cinq langues ; Elle est dure, mais juste. Elle a roulé sa bosse cent fois. Elle est mariée à un sportif de haut niveau et, pour des raisons familiales, a beaucoup voyagé. N’ayant pas le profil d’une femme au foyer, elle a toujours su trouver à s’occuper. 

C’est un as du commerce ; elle négocie comme personne.

Elle est de retour en France depuis 2019, et à ma grande surprise, elle galère. Elle ne trouve pas de travail. Elle est la plupart du temps trop qualifiée, et développe très souvent un complexe d’infériorité chez ses interlocuteurs. Le problème est qu’elle ne le fait pas exprès. Elle est objectivement d’une intelligence supérieure, et même en faisant profil bas, son agilité intellectuelle et son aisance verbale achèvent de faire se sentir menacées les quelques personnes qui pensent, dans un premier temps, s’en servir. J’utilise ce mot à dessein car trop de personnes dans le monde professionnel aiment à s’arroger le travail des uns et des autres. Le problème est que ce schéma est très difficile à accepter pour quelqu’un dont l’engagement n’est pas à démontrer et qui sait ô combien se montrer généreux avec ses idées. C’est une chose d’en mettre certaines au service des uns, mais cela en est une autre de regarder ces mêmes personnes négocier pour leur propre compte augmentation de salaire et promotion quand vous êtes lésée en permanence. 

Comment un profil de cette qualité peut-il être lésé ? C’est simple. Nous sommes dans un pays où la carrière linéaire et la stabilité comptent presqu’autant que les diplômes et l’intelligence. Les entreprises savent difficilement valoriser des profils atypiques pour créer des postes sur-mesure, comme c’est d’usage dans les pays anglo-saxons. Pourquoi ne part-elle pas aux États-Unis ou en Angleterre, ou même au Canada ? Tout simplement parce que la carrière de son mari ne l’amène pas dans cette direction donc, à moins de divorcer pour des raisons professionnelles, elle est tenue de ronger son frein, de postuler à droite et à gauche, en espérant qu’un jour, un employeur intelligent saura voir son talent et, mieux encore, l’utiliser à sa juste valeur. 

Je pose cette question ici car je sais qu’elle touche des millions de gens dont certains moins brillants. Pourquoi notre pays n’est-il pas en capacité de regarder les gens pour ce qu’ils sont et de leur offrir un poste digne de leurs qualités ? Pourquoi, alors qu’il y a tant de difficultés de recrutement, les entreprises s’évertuent à recruter avec des œillères des gens qu’ils voudraient contrôler ? Pourquoi sommes-nous si maltraitants, voire arrogants avec la brillance intellectuelle et la différence ? Pourquoi faut-il qu’elle se diminue pour espérer ne pas effrayer ses interlocuteurs ? 

Je pose ces questions et je me dis que ces sujets ont, sans nul doute, un lien de causalité avec notre perte de vitesse dans un certain nombre de secteurs, notamment en matière d’innovation, car il n’est pas possible d’annihiler aussi méthodiquement le talent chez les autres, au motif que trop d’entre nous auraient peur pour leur propre avancement. Il faut en finir avec cette compétition insensée et nihiliste qui détruit l’engagement et réduit notre excellence.

Elle est une travailleuse hors-pair ; elle sait prendre des risques ; elle est courageuse ; c’est une gagnante que la société oblige à se déguiser en perdante car trop iconoclaste pour entrer dans le moule de la médiocrité dans laquelle ses interlocuteurs ont eu l’habitude de se draper. C’est une aventurière comme il y en a peu et comme beaucoup d’entreprises en auraient besoin pour faire la différence sur le marché. 

Alors, je pose la question ici : n’y-a-t-il pas une entreprise qui a besoin de talent et serait prête à recruter une personne motivée, ambitieuse et qui a le sens de la gagne, sans écraser les gens en chemin ? 

Je fais mon métier car je veux participer à réparer l’entropie de la société. Et cet exemple est criant de vérité. Il raconte l'absurde d'un marché qui parle de ses difficultés de recrutement, tout en étant maltraitant. 

Seulement, je n’arrête pas de me répéter en boucle que le système ne peut tout de même pas dérailler à ce point. Ai-je tort ? Suis-je trop idéaliste ? 

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Nicole Degbo 

La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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