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Leadership - Dystopie- Monde - Europe - Négociation - France - Gouvernance -

Leadership

Un leadership dystopique

Édito — il y a 3 semaines

Attendre et voir n’est pas une stratégie.

1

Un monde dystopique 

Une partie du monde est tétanisée par les promesses du second mandat de Donald Trump clairement sous l’influence du Projet 2025 qui dessine une Amérique impérialiste et conservatrice tournée vers ses seuls intérêts, aux dépens de ses alliés historiques. 

Le récit s’articule autour du progrès alors qu’il raconte un repli identitaire profondément radical. Le fil directeur politique de Donald Trump pilonne le soft power mis en place par les Etats-Unis depuis leur création ; ce pays était une inspiration pour des millions de gens à travers le monde ; c’était et cela restera une référence commerciale et technologique ; mais qu’est-ce que l’Amérique sans le progrès et l’inclusion ? Que vaut le rêve américain, sans la promesse que tout le monde peut devenir ? 

Donald Trump ne semble pas comprendre que la place des Etats-Unis dans le monde repose aussi sur son influence et sa contribution financière dans des organisations internationales telles que l’OTAN, l’OMC, l’OMS, etc. 

L’influence d’un pays n’a jamais été un rapport de force brut et transactionnel répondant à une logique exclusivement commerciale ; il y a des règles et des codes formels et informels à respecter qui évoluent avec le temps, mais pas au point d’être réduits à néant de manière unilatérale, et notamment par un pays longtemps appelé le gendarme du monde. 

C’est ainsi que Donald Trump annonce vouloir s’approprier le canal de Panama, le Groenland, le Canada et le Golfe du Mexique pour assurer la sécurité militaire, énergétique et économique des USA. L’Europe découvre un monde dystopique fondé sur une volonté de dérégulation totale et la force brute motivée par l’assouvissement des désirs d’un homme et de sa garde rapprochée, sans souci de rationalité ou de cohérence politique, historique, économique ou militaire. 

Les enjeux d’éthique de l’intelligence artificielle ne sont plus à l’agenda de la Maison Blanche. Le droit international va achever sa destruction avec sans doute une vision impressionniste, en plus du deux poids deux mesures souvent observés ces temps derniers, donnant ainsi du grain à moudre aux dictatures ou assimilées dans le monde. 

Nous sommes quelque part entre Black-Mirror et un western avec la quasi assurance que, tôt ou tard, quelque chose va mal tourner.  

2

L’Europe en situation dégradée 

Au moment où l’Europe devrait être forte et inspirante, elle est dispersée, fragmentée et affaiblie par une lame de fond populiste qui dévitalise sa gouvernance et réjouit les tenants d’une régulation débridée. Georgia Meloni en est le parfait exemple ; elle joue avec l’Europe et se lâche désormais contre ses partenaires, forte qu’elle croit de sa relation privilégiée avec Elon Musk et, par l’intermédiaire de celui-ci, Donald Trump. Ce double jeu empêche l’Europe de faire front uni et d’apparaître déterminée à ne pas céder sans combativité face aux injonctions totalitaires de la Maison Blanche. 

L’Europe regarde la politique américaine adopter les codes de la télé-réalité dans un style plus trash et assumé que le premier mandat car il n’y a plus d’adultes dans la pièce. Donald Trump veut renouer avec la grandeur des années 50 et 60, en soutenant la conquête spatiale et l’innovation technologique sur fond de guerres économiques provoquées par l’instrumentation des droits de douanes et le recul de l’idéal égalitaire qui promet de brutaliser des millions de gens, incluant les minorités accusées d’un wokisme hors de contrôle qui fragmente la société américaine. 

Face à ce repli identitaire dont les impacts économiques sont prévisibles, l’Europe n’a pas de plan. Pire, elle est en perte de crédibilité politique illustrée par exemple par les luttes intestines politiques et domestiques de l’Allemagne et de la France qui ne jouent plus le rôle de locomotive de l’Europe sous les applaudissements tragiques des peuples qui ne semblent pas comprendre le péril du contexte. 

La poutre est dans l’oeil d’un grand nombre de citoyens et de commentateurs qui se réjouissent et se divertissent de ce qu’ils voient, à savoir le règne de l’insulte, la fin de la courtoisie, des mensonges érigés en faits, la purge des opposants politiques, médiatiques et militaires et une justice tournée en ridicule avec une Cour Suprême partiale et jouant faiblement son rôle de contre-pouvoir et de gardien de la Constitution ; et la grâce des assaillants du Capitole, à de rares exceptions près, est un fait aggravant. 

Les Etats-Unis n’ont jamais été une puissance totalement morale, mais elle savait être décente. Aujourd’hui, cette ère est derrière nous, au profit d’un leadership toxique. 

3

Le règne de la domination 

Le vocabulaire est impérialiste et se veut empreint de courage ; mais qu’est-ce qu’un leadership qui ne convainc pas, mais terrifie ? 

« Gladiator » est un film qui parle de grandeur ; il lie la force à l’honneur et valorise sans ambiguïté des valeurs comportementales tels que la sagesse, la justice, la force morale et la tempérance. Nous sommes dans l’ère de Commode qui érige en vertus l’ambition à n’importe quel prix, l’ingéniosité et le courage, même dépourvus de force morale, et le dévouement à son clan, au mépris de la justice et de l’équité. 

Nous sommes dans une ère dystopique pour laquelle peu de pays, de dirigeants, d’entreprises et de citoyens sont armés. Nous sommes dans une ère de la peur et de l’apathie ; la réactivité est faible et lente ; les acteurs semblent comme acculés par une forme de tétanie et pour certains d’asthénie mentale. 

Pricewaterhousecoopers a réalisé une étude qui affirme que 74% des français sont optimistes et, en particulier, 94% des chefs d’entreprise. Ce résultat questionne honnêtement car nous pouvons constater régulièrement notre capacité culturelle à faire le dos rond sur un certain nombre de sujets clefs ; le refus d’obstacle est un sport de compétition en France et cela nous oblige collectivement à jouer en défense, au lieu d’avoir un coup d’avance grâce à l’anticipation.

À l’heure où peu de secteurs et d’entreprises ont su réinventer un modèle de croissance, il est un peu surprenant d’entendre que la majorité du pays serait frappée par l’optimisme alors même que l’instabilité politique et économique est réelle et risque de s’accentuer, la crise climatique frappe de manière fréquente et spectaculaire tels les incendies qui font rage en Californie appelés par certains « tempête de feu » sous l’effet de rafales de vents. Et, notre écosystème technologique est économiquement vulnérable, de même que notre tissu économique actuellement percuté par une vague de défaillances qui est certes à retardement, mais témoigne également d’un retard dramatique de réflexions stratégiques et de transformation de la part d’un grand nombres d’acteurs. 

Nous pouvons également parler du faible recours à la gouvernance comme instrument de pilotage, d’anticipation et de régulation des risques stratégiques et opérationnels ; une bonne gouvernance renforce l’agilité et la réactivité, a fortiori dans un contexte de tension, de pression ou de crise quelle qu’elle soit. 

Nous savons la chose politique défaillante ; aussi, le rempart contre l’imprévisibilité prévisible de l’administration Trump sera l’extrême préparation des dirigeants et cela passera inévitablement par le discernement d’un recalibrage lucide des attributs du leadership. 

Les entrepreneurs de la Silicon Valley étaient jusqu’alors taxés de pirates inspirants ; ils disruptaient, en inventant des règles du jeu avec un véritable esprit malin et ludique ainsi qu’un rapport de force qui savait jusqu’où aller trop loin. Nous sommes dorénavant dans une autre période, proche de celle du far-west avec des cowboys déguisés en politiques ou alors est-ce des politiques déguisés en cowboys qui n’ont aucune limite, seulement le langage de la force. 

À l’évidence, l’Europe, en particulier les dirigeants d'entreprise, auront besoin d’un mode d’emploi pour vivre pendant quatre ans en situation dégradée avec des négociations de haute intensité.  

 

Nicole Degbo 

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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Il faut replacer l'homme dans le coeur, il faut replacer l'homme dans le cerveau. Le cerveau, voilà le souverain qu'il faut restaurer.

Victor Hugo