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Société

Un demain vertigineux

Édito — il y a 1 année

L’avenir appartient non pas au clash, mais à l’impact.

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Un spectacle misérable

Je prends souvent la plume pour partager mon optimisme pour la force motrice de la transformation. Aujourd’hui, j’écris en suffoquant. 

Je me souviens de l’angoisse qui m’a traversée à la veille de l’élection présidentielle. Et si… et si… l’autre parti passait ? C’est donc avec un grand soulagement que j’ai vu cet horizon reculé d’au moins cinq ans. Mais, le répit est de courte durée. Le spectacle misérable donné par la représentation nationale est tragique ; nous entendons ici et là que ce serait la représentation du peuple, mais rien n’est plus faux. 

Nous, le peuple, n’avons pas donné mandat pour avoir la vulgarité à la Une. Nous méritons mieux que ce spectacle qui confine à un affaissement intellectuel et moral du pays. 

Il n’y a pas d’arguments, il n’y a que du sentiment. Chacun arrive avec son histoire personnelle et oublie que l’enjeu est de mettre le curseur au bon endroit pour représenter au mieux les intérêts des citoyens, et parfois même à leur corps défendant.

Le problème est que pour réussir cela, il faut nourrir son esprit et je suis au regret de constater que la culture, les faits, la connaissance ont déserté l’hémicycle. Trop peu de députés se sont cognés au réel du monde et savent raconter avec pédagogie les périls à venir. Quels sont les enjeux économiques, géopolitiques, climatiques, sociaux et technologiques ? Et surtout, quelles sont les réponses à apporter et sont-elles financées ou même finançables ? La soutenabilité du financement est bien une ligne de crête car il n’y a aucune gloire à éructer des injonctions sans solutions pragmatiques ; or, le spectacle auquel nous assistons trop souvent désormais est un gloubi-boulga d’utopies non-réalistes qui consistent à raser gratis pour flatter les bas instincts du peuple et nous faire croire que tout ira bien si nous faisons n’importe quoi. 

Nous entendons du bruit, des cris et beaucoup d’ignorance. Et alors, vient la question de la responsabilité. Se sentent-ils seulement concernés par notre avenir ? La falaise des périls qui ne cessent de s’ériger devant nous et d’avancer dangereusement a le champ libre. Il n’y a personne ou presque pour se battre avec les bons arguments. 

Aussi, je dois confesser que comme citoyenne, je me sens seule et désemparée face à ce cirque sans talent, ni grâce, même pas celle du verbe. Et surtout, puisque l’État n’y arrive pas, mais puisque les citoyens n’y arrivent pas non plus, et pire, demandent à la puissance publique de résoudre leurs problèmes, il ne reste plus que l’entreprise comme rempart d’une défaite totale. 

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Un espoir vertigineux

La guerre peut presque être perdue d’avance tant la charge qui pèse sur les épaules des entreprises est gigantesque. Nous attendons de nos dirigeants qu’ils deviennent nos héros. 

La mission de diriger une entreprise et de la mener vers un succès durable n’est désormais plus suffisant. Nous espérons une puissance immense des entreprises alors même qu’un dirigeant sur deux confesse que son entreprise pourrait disparaître sans la réussite des transformations nécessaires. Le terrain est donc glissant. Les dirigeants doivent imaginer un demain à toute vitesse pour sauver leur société, mais aussi leurs salariés et, au bout du compte, le pays. 

Notre salut viendra de l’entreprise. C'est notre seul espoir. 

Les dirigeants vont devoir se convertir à marche forcée à l’ESG et endosser, de gré ou de force, un rôle politique et social pour espérer apaiser la société qui n’est pas prête à faire face au monde qui vient. 

Voilà l’équation inéquitable à laquelle les entreprises seront confrontées : inventer des nouveaux modèles, former les salariés à une agilité inévitable et requise pour espérer restaurer une forme de concorde avant les prochaines crises foudroyantes. 

J’écris cela sans y croire car il y a trop à faire. Nous payons actuellement toutes nos compromissions collectives. Nous avons subventionné la souffrance au travail, sans traiter le point et, aujourd’hui, le système implose de sa douleur et de sa désespérance. 

Le pire étant la voix de certains qui osent dire, comme une note d’encouragement à la colère populaire, que le moment est dangereux, sans jamais imputer les responsabilités individuelles. 

Personne n’a le courage d’expliquer aux gens comment agir pour ne plus subir son travail. Tout le monde fait comme s’il était normal d’avoir une carrière monochrome et linéaire avec, pour certains, la douleur de part en part. Et un des dommages collatéraux de notre défaillance est cette réforme des retraites à qui le pays demande d’être Atlas pour réparer les maux d’une vie entière : inégalités, pénibilité, souffrance, santé, etc. 

Nous allons vers un monde du travail pénurique et par capillarité vers un chômage de masse technologique qui va créer un problème de financement de notre modèle social sans précédent. Voilà la dystopie systémique que les partenaires sociaux devraient vouloir éviter au lieu de s’accrocher à un model déjà fini, tant l’agonie lente est prédictible pour ne pas dire prévisible. 

Nos batailles sont anachroniques et bruyantes, et elles nous tuent. Alors, ce bordel est si peu sérieux et décourageant que demain est désespérément vertigineux.

Aussi, je nous souhaite à tous du courage… pour endurer, agir et transformer, en tendant idéalement la main aux plus fragiles. L’avenir appartient assurément non pas au clash, mais à l’impact. 

 

Nicole Degbo 

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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