#AskLaCabrik

*
*
*
*

Les informations recueillies via ce formulaire par La Cabrik ont pour finalité le traitement de votre demande d’informations. Tous les champs sont obligatoires pour traiter votre demande. Dans le cas où, ils ne seraient pas remplis, votre demande ne pourra pas être traitée. Conformément à la loi Informatique et libertés, vous disposez d’un droit d’interrogation, d’accès, de rectification et d’effacement de vos données personnelles, ainsi que d’un à la limitation et d’opposition au traitement de vos données. Vous pouvez exercer ces droits en formulant une demande à l’adresse suivante contact@lacabrik.com. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre politique de protection des données personnelles accessible via l’onglet Conditions Générales d’Utilisation de notre site.

Nouveau Sommet Afrique France - Montpellier - Afrique - France - Economie - Politique - Histoire - Emmanuel Macron - Elisabeth Moreno - Monde - Europe - Chine - Etats-Unis -

Nouveau Sommet Afrique France, Montpellier, 8 octobre 2021

Pull up

Édito — il y a 2 années

"Ma double culture coule dans mes veines." Romain Gary cité par la Ministre Elisabeth Moreno.

Lors de son discours à la soirée NAACP, en 2020, Rihanna exprime ces mots très forts : Tell your friends to pull up et elle poursuit, en se demandant ce que nous pourrions réaliser collectivement pour améliorer les choses et plus encore. 

J’étais au Nouveau Sommet Afrique France, à Montpellier, et j’ai pensé à Rihanna. 

Je n’ai pu m’en empêcher, car même si je suis née en France, je ne peux nier mes origines africaines et je me sens concernée par ce qui se passe sur ce continent. 

L’Afrique est le continent de tous les possibles ; en 2050, un quart de la population mondiale sera africaine, soit près de 2,5 milliards d’africains dont une part considérable de jeunes. Aussi, il ne suffit plus de dire que l’Afrique est une terre de grandes espérances, il faut désormais et urgemment les concrétiser pour offrir un avenir à ces milliards de gens à venir. 

C’est notre devoir de faire cela bien et d’y arriver, en reconnaissant la dimension capacitaire de l’Afrique, en dépit de son histoire qui ne cesse de se rappeler à nous, pour le meilleur et pour le pire. 

La politique a occupé un espace considérable dans la plénière présidée par le Président Emmanuel Macron ; cela devait être un forum tourné vers les entrepreneurs et c’est devenu une catharsis politique qui pointait du doigt les liaisons dangereuses entre la France et un grand nombre de pays d’Afrique dirigés par des dictateurs qui aiment plus leur pouvoir que leur pays et, en premier lieu, leur peuple. La chose politique a été le socle du pivot du dépassement, mais en l’absence de ceux qui ont véritablement le pouvoir politique en Afrique, ce dialogue était intéressant, mais quasi inopérant. 

Sauf que cette obsession pour ce passé qui vampirise le présent a occulté d’autres sujets fondamentaux pour construire une Afrique forte et en capacité de choisir les meilleurs partenaires pour écrire une nouvelle page. 

En effet, aujourd’hui l’Afrique est le théâtre d’enjeux commerciaux considérables ; plus que jamais, elle est l’objet de la convoitise de tous sur fond de stratégie géopolitique. La Chine, les Etats-Unis, la Russie et toujours l’Europe se disputent le continent pour ses terres, ses minéraux, ses matières premières, son pétrole, son potentiel technologique et bien-sûr sa surface démographique ; et au milieu, les guerres, les viols, la famine, la précarité en matière de santé, les insuffisances éducatives, la violence et bientôt les nouvelles guerres pour l'eau notamment. 

En dépit de ces tragédies ancrées dans le quotidien, l’Afrique est un relais de croissance pour tous, à commencer pour les africains, mais cela va indéniablement dépendre des conditions négociées. Et sacrifier l’usus, l’abusus et le fructus de terres africaines pendant 99 ans à la Chine ne peut aller dans le bon sens. 

Le sommet a fait l’impasse sur ces enjeux ; de même, quelle sera la place de l’Afrique dans la nouvelle conquête spatiale ? Quel sera le rôle de l’Afrique dans cette guerre froide silencieuse qui se joue entre les Etats-Unis et la Chine ? Quel sera l’impact de la connectivité à venir de l’Afrique via les satellites et les câbles sous-marins des GAFA ? Quel champ des possibles cela ouvre-t-il ? Quel modèle de développement pour l’Afrique, sachant qu’il ne sera pas linéaire ? Comment accélérer l’éducation des jeunes et offrir notamment aux femmes les financements dont elles ont besoin pour entreprendre de manière plus ambitieuse ? Quel modèle de private equity pour l’Afrique et avec quels partenaires ? Comment piloter une politique environnementale responsable, en cohérence avec le niveau de développement des pays africains ? De même, quelles pourraient être les normes non-financières intelligentes pour justifier d’une bonne politique ESG ? Enfin, comment l’Afrique peut-elle se tourner vers l’Europe et notamment la France, sans hypothéquer sa liberté ? 

Voilà des sujets passionnants qui n’ont pas été abordés. Pourquoi ? 

Peut-être parce que le format était trop traditionnel ? Peut-être aussi parce que l’organisation du sommet a été confiée à des personnes qui connaissent l’Afrique, mais dont le regard sur l’éventail des possibles est troublé par le poids du passé ? 

Comment dans le cadre d’un tel rassemblement, une agora puissante n’a-t-elle pas pu être imaginée ? Sans doute nous faudra-t-il sortir des réflexes anciens pour mettre d'autres enjeux à l’ordre du jour et laisser le passé derrière nous, pour inventer demain. 

Ce nouveau sommet a marqué par la férocité de ses ambitions politiques incarnées par des activistes mûs par l’urgence d’un rêve africain ; ils auraient pu dire « I have a dream… ». N’oublions cependant pas la complexité de la politique dans tous les pays du monde, en particulier ces derniers temps où la démocratie est menacée et doit sans cesse rappeler qu’elle est le moins pire des systèmes politiques, comme aimait à le rappeler Winston Churchill. 

Mais, ce nouveau sommet a manqué dans l‘expression de la grandeur de ses ambitions macro-économiques. Alors, nous pouvons saluer l’initiative de poser les digues d’une nouvelle relation Afrique France, mais nous pouvons aussi dire que le concept est certes inaugural, mais balbutiant. Ce rassemblement acte qu’il faut rompre avec le narratif de la diaspora telle que connue, jusqu’à aujourd’hui, pour inventer une nouvelle manière de faire un soft power puissant, au nom de l’Afrique.

Enfin, comme l’a si bien énoncé le Président Emmanuel Macron en guise de conclusion à l’issue de cette journée, pour réussir une nouvelle relation Afrique France, nous devons en changer les termes, le regard et la relation. Mais, pour y arriver, l’Afrique doit impérativement changer son regard sur elle-même et ne pas se contenter d’exprimer une folle audace d’espérer ; l’Afrique doit se concentrer avec discipline et ambition sur le fait de devenir. Et en attendant, chaque africain doit faire entendre sa voix. Et tous les français d’origine africaine peuvent y contribuer. C’est notre mission commune : transformer l’Afrique et restaurer sa puissance autonome, dans tous les domaines. Et la politique suivra… 

-

Nicole Degbo

Le sport à l’agenda du Sommet Afrique France.

Elisabeth Moreno on stage.

La plénière du Sommet Afrique France présidée par Emmanuel Macron.

Partager

Le progrès prend du temps.

Barack Obama