Engagement
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Édito — il y a 5 années
Temps de lecture: 2 minutes
Provoquer une catharsis pour refonder le contrat social.
Le salarié semble avoir atteint un seuil paradoxal ; il assure son engagement quotidien avec une passion pour le moins relative, se demandant sans cesse quel est le sens de ce temps dédié au travail.
Le travail, porteur de reconnaissance sociale, est tourmenté ; il est comme un fil à la patte de travailleurs qui se sentent prisonniers d'une cage en papier, mais avec des barrières mentales.
Trop d'entre nous s'enferment chaque jour dans cette prison mentale dont les instruments de torture sont un manque de félicité et d'inspiration pour la raison d'être de leur entreprise ; ils dénoncent à l'envie un défaut d'épanouissement provoqué par un système infantilisant qui programme souvent l'utilisation en sous-régime du potentiel des uns et des autres. Alors, comment se sentir fier, investi et à la bonne place quand l’entreprise marche sur la tête aux dépens du mieux commun ?
À l'origine de ce marasme général, un manque de courage individuel et collectif qui prospère de manière certaine et singulière. Pourquoi la communauté des travailleurs désenchantés baisse-t-elle les bras, puis la tête, au lieu de renverser la table pour réinvestir intelligemment le bon sens et mobiliser ainsi l'énergie collective ?
Partir n'est pas la seule issue ; il y a encore l'option de la révolution douce, mais déterminée, au bénéfice d'une croissance heureuse. Utopie ? Non, il s'agit au contraire d'un vaste champ des possibles abandonné en rase campagne, depuis trop longtemps, au prix d'un absentéisme structurel, d'un présentéisme lamentable et de l'invention de barbarisme tels que burn out, bore out et cætera érigés tristement au rang de maux du siècle.
Alors, le temps est venu de rétablir notre individuation et de nous dire collectivement que nous méritons mieux que cela, sans enthousiasme béât, mais avec un pragmatisme audacieux, optimiste et joyeux.
Il est toujours possible de prendre collectivement les rênes d'un destin pour bâtir une économie du travail meilleure, réjouissante et furieusement apprenante pour chacun d'entre nous.
Nous n'y sommes pas tenus, mais nous le devons à nous-mêmes, pour ne pas déshonorer le génie du travail. Nous sommes précisément dans un moment clef porté par une vague de transformation qui offre une occasion unique de vivre une catharsis salutaire pour retrouver le chemin du sens, au détour d'un nouveau pacte humain entre les entreprises et les salariés. Sinon, prenons garde, le 18 brumaire n'est peut-être pas si loin.