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Entreprendre

Le pied marin

Édito — il y a 2 années

Et si l’échec était précisément de ne pas échouer ?

J’ai eu envie d’écrire cette chronique à l’occasion de deux événements, peut-être trois : en écoutant Roxane Varza, Executive Director de Station F, parler des failcon avec Matthieu Stéfani dans Generation Do It Yourself ; en lisant la biographie d’Elon Musk écrite par Ashlee Vance ; et en pensant à ma propre expérience, aux embuches rencontrées, mais surtout aux choix que j’ai dû faire qui, aux yeux de certains, sont certainement l’expression de plusieurs échecs, alors qu’en réalité, il s’agit du chemin assez banal d’un entrepreneur déterminé qui sait où il va et pourquoi.  

En France, l’échec est honteux ; c’est une tâche qui empêche et qui semble pointer du doigt l'incompétence ; ceux qui n’arrivent pas à dépasser cette étape entendent avec effroi ces inqualifiables sobriquets : "a échoué", "incompétent", "loser". Ils s’enferment dans cette image pour ne plus en sortir. 

Peu à peu, la société aborde le sujet, mais trop souvent, les médias montrent des personnes en situation de rebond, qui ont renoué avec le succès et qui acceptent alors de parler de leur échec, précisément parce qu’il est derrière eux. Et, dans ces conditions, la situation est plus facile et l’image renvoyée est une forme de "new cool". 

Sauf qu’en vérité, la majorité des gens qui n’ont jamais échoué, n’ont jamais essayé ; elles ne sont jamais sorties de leur zone de confort ; elles se sont contentées d’exploiter leurs compétences minimum et se sont employées à avoir peur d’aller vers leur risque.  

Une autre réalité est que trop de personnes confondent les difficultés avec l’échec alors que c’est clairement la persévérance qui détermine à quelle catégorie vous appartiendrez. Entreprendre des choses difficiles implique des erreurs, des insuccès, des échecs réussis dès lors qu’ils s’inscrivent dans une dynamique d’apprentissage. 

Prenons l’exemple de Steve Jobs qui s’est vu limogé de sa propre entreprise ; la séquence est violente, mais il met ce temps à profit pour réfléchir et apprendre ; à son retour chez Apple, il est à son zénith. Il n’a pas gommé sa personnalité, mais il a compris comment faire un meilleur usage de ses défauts ; de plus, il a créé Pixar et a eu l’opportunité d’expérimenter un autre modèle de management. 

Parlons également d’Elon Musk qui, entre 2007 et 2008, manque à tout moment de perdre Space X et Tesla, mais qui, à force de travail, d’engagement, de focalisation et de persévérance à toute épreuve va réussir à mettre ces deux entreprises sur le chemin de la croissance. D’ailleurs, Gracias, un des actionnaires des deux entreprises dira : ❛Il est capable de travailler plus dur et de supporter plus de stress que quiconque à ma connaissance. N’importe qui d’autre aurait été brisé par les épreuves qu’il a vécues en 2008. Il n’a pas seulement survécu. Il a continué à travailler sans se déconcentrer.❜

Entreprendre est une aventure loin de l’image médiatique ; ce n’est pas glamour ; c’est souvent difficile, stressant, harassant, mais aussi stimulant et particulièrement nourricier. C’est une épreuve de résistance et il est probable que même ceux qui sont célèbres grâce à leurs extraordinaires levées de fonds n’ont pas une vie pavée de rose tous les jours. 

Entreprendre, c’est un parcours mental ; c’est un pacte avec soi-même quant aux sacrifices qu’on est prêt à encaisser ; seulement parfois, la réalité est plus dure que celle imaginée et le niveau des ajustements peut être le point de rupture. Mais, avant toute chose, il faut accepter que la fragilité, l'incertitude, l’échec et la peur seront des compagnons de route pour résister aux tempêtes. 

Parfois, l’échec est quand même là ; vous avez fait ce qu’il fallait, mais cela n’a pas suffit ou vous n’avez pas tenu. Ce postulat exclut bien évidemment ceux qui se sont lancés dans l’entrepreneuriat un peu en dilettante, en donnant le minimum, encombrés de leur manquements ou soucieux d’épuiser les indemnités offertes par Pôle Emploi avant d’abandonner. 

Je parle de ceux qui ont tout donné et se retrouvent assommés par leur échec. Et, dans ce cas, l’effondrement est là car l’ébranlement est profond. Certains s’en remettent et d’autres pas. Pour ceux qui vont trouver la force de renaître, il va y avoir la phase d’hébètement, de colère et de rumination avant l’introspection nécessaire pour comprendre et mettre du sens dans l’évènement pour enfin aller de l’avant, en étant plus fort et plus sage. 

Un échec réussi, c’est cela : c’est s’approprier son histoire, apprivoiser son échec pour écrire une suite agrippé(e) aux rampes de la vie. 

Comment transformer l’expérience traumatique en une croissance post-traumatique ? Chacun a en lui une capacité de rebondir qu’il peut activer ou mettre en sommeil ; Il va sans dire que l’histoire de vie personnelle influence la quantité de force disponible. Il s’agit alors de trouver les ressorts intérieurs pour ne pas couler, en s’appuyant sur les soutiens volontaires, disponibles et sensibles qui sauront accompagner sans accabler, ni décourager.

L’enjeu est bel et bien de définir de nouveaux objectifs : entreprendre à nouveau ou pas ; transmettre à ses pairs ; rejoindre une entreprise comme salarié et transmettre également son expérience. Il n’y a pas d’équation pré-établie ; chacun fait comme il peut ou comme il veut ; l’essentiel est d’être aligné(e) et au clair avec ses besoins réels, ses valeurs, ses décisions et ses actions. 

L’échec est un enseignement qui donne de la valeur au travail, du sens à la liberté et une réalité à la peur. Mais, au bout du compte, si vous avez le pied marin, tout ira bien. Aux autres de s’habituer au fait que vous ne cesserez jamais d’essayer et d’échouer pour mieux réussir. Ceux qui changent le monde sont de ce bois.

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Nicole Degbo 

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