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Travail - Réforme de la retraite - Société - Politique - Transformation - Travail - Nouvelles Technologies - Démographie - Engagement -

Société

La retraite ou l’usure du travail

Édito — il y a 1 année

❛Le plus grand danger, dans les moments de turbulence, ce n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec la logique d’hier.❜ Peter Drucker

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Le - faux - débat de la retraite 

Cette réforme de la retraite est, en réalité, une métaphore du travail. Il n’y a pas un débat au cours duquel le désamour du travail n’est pas abordé. Seulement, le sujet est complexe car si nous analysons les choses avec nuance, ce qui est cloué au pilori, ce n’est pas le travail, mais sa dimension absurde. 

Nous assistons au même mécanisme que pour le télétravail ; les débats sont une distraction qui raconte nos manquements collectifs et notre incapacité à avoir un débat holistique et raisonné sur le travail, ses déviances nihilistes et le besoin exprimé de s’en déprendre finalement puisque rien ne change ou si peu.

Mais dans un premier temps, revenons aux paradigmes nouveaux qui changent irrémédiablement la donne, en dépit de nos sentiments pour le travail ou plutôt d’une forme de ressentiment. 

Les faits sont têtus : d’ici à 2050, plus d’un tiers de la population française aura plus de 60 ans. Et, dans un même temps, il y aura des robots, en nombre, pour partager le travail avec les humains. Ne serait-ce que d’ici 2025, près de 97 millions d’emplois seront créés et nous assisterons au déplacement de 85 millions d’emplois existants. Ainsi, l’équation est simple : il y aura vraisemblablement quantitativement moins de travail, mais aussi moins de gens au travail. Aussi, si nous sommes cohérents et souhaitons maintenir un système de retraite par répartition, soit notre système actuel de solidarité générationnelle qui consiste à utiliser les cotisations sociales des actifs, au titre de l’assurance vieillesse, pour financer les pensions des retraites, les actifs devront travailler plus. 

C’est une réalité arithmétique qui encouragera peut-être les entreprises à réduire les barrières à l’entrée des jeunes actifs, diplômés ou pas, pour avoir des forces vives. Et, il faut espérer que certaines entreprises trouveront un intérêt nouveau à garder plus longtemps les seniors en entreprises, sans le secours de la loi. 

Ce sont des hypothèses basées sur des comportements qui ne sont pas encore régulés et qui, à raison, ulcèrent les premières victimes de cet âgisme bicéphale qui empêche le travail des uns, tout en faisant la promotion d’un « travailler plus » pour les autres. 

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La réforme du travail  

En soi, nous pourrions parler d’un alignement de la France sur les pays voisins pour lesquels la tendance est haussière et acceptée, pragmatisme oblige ; pour l’heure, la moyenne pointe à 64 ans. Si seulement les choses étaient si simples, il n’y aurait aucune contestation bruyante. Les syndicats et les partis politiques de gauche n’auraient pas besoin de la réforme des retraites pour créer une union sacrée afin de faire barrage à la loi, plutôt que de se tourner vers l’avenir avec sagesse pour négocier les nouvelles protections dont les salariés auront besoin. À l’évidence, il nous faudra choisir nos priorités car clairement, pour reprendre cette célèbre phrase de Lionel Jospin : « L’État ne peut pas tout. »

Nous pourrions également ajouter que l’entreprise ne peut pas tout non plus ; seulement, elle a largement de quoi prendre sa part, non pas en augmentant le niveau des cotisations sociales ou nécessairement les salaires, mais en jouant le jeu d’un vrai débat sans totem, ni tabou, pour comprendre ce qui, dans le travail, est aussi, répulsif. 

Mais, la vérité est que nous avons toutes les études sur le sujet : des enquêtes Gallup sur le désastre de notre engagement au travail (6%), aux chiffres de l’absentéisme (4,8%), des arrêts maladies (42%) pour motifs professionnels, en passant par le turnover, les difficultés de recrutement, le rejet du bureau vs un plébiscite du télétravail, un besoin de sens et de courage managérial pour acter avec lucidité les enjeux qui méritent une action de fond. 

Il y a manifestement une réflexion à avoir non seulement sur la bureaucratie, mais la manière dont le travail s’organise au quotidien pour capitaliser, voire valoriser, le talent des collaborateurs. 

Un autre sujet épuise tout le monde, même s’il est condamné à exister : le jeu politique ; celui-là même qui donne une prime au statut, aux jeux psychologiques retords et au faire-savoir plutôt qu’à la loyauté, la gentillesse et le savoir-faire. 

À la marge, mais le sujet est d’importance, il y a la culture du présentéisme, la structure improductive des réunions et tant d’autres habitus à déconstruire pour libérer le potentiel des uns et l’agenda de tous. 

Ces problèmes sont des leviers de résolution de la perte vertigineuse de sens dans les organisations et d’une épidémie de souffrance au travail dont le coût réel n’a jamais été calculé. 

Enfin, il serait temps de déconstruire l’idée selon laquelle une partie des travailleurs devraient être assignés toute leur vie, au même poste et enfermés dans la même entreprise ou presque. Nous devons apprendre aux plus vulnérables à piloter leur mobilité professionnelle. Mais, nous devons aussi habitués les esprits à tordre l’idée qu’il n’y a rien de mieux qu’une carrière linéaire. 

Entreprendre ce chemin pour résoudre ces différents problèmes serait, a minima, la voie d’un nouveau modèle social, à défaut de voir les entreprises embrasser une transformation profonde de leur modèle économique. Ce travail impliquerait de réfléchir de manière stratégique à la notion même de canevas stratégique, sans faire l’impasse sur la proposition humaine qui doit être au cœur de la réflexion des entreprises.

Nicole Degbo

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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