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Covid-19

La douleur

Édito — il y a 2 années

❛Quiconque prétend s’ériger en juge de la vérité et du savoir s’expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n’en connaissons que la représentation que nous en faisons.❜ Albert Einstein

La souffrance 

Voilà un peu plus d’un an désormais que le monde a basculé dans une cinquième dimension. Tout est parti d’une équation inconnue : la Chine. 

Heureux celui qui peut dire quand et comment ce virus est né ; heureux celui qui peut désigner le patient 0 ; heureux encore celui qui peut dire combien de morts du COVID compte la Chine. 

Ces inconnues sont fondatrices du tâtonnement qui a plongé le monde dans une épidémie tragédienne qui ne cesse de charrier les douleurs du monde. 

L’épidémie n’est pas une première, mais le confinement est un inédit qui plonge tout d’abord le corps médical dans un volcan en ébullition au point de (re)questionner le fonctionnement de l’hôpital à travers sa raison d’être ; quelle est la mission des soignants ? Quelle est la valeur du travail médical ? Quelle place pour le management à l’hôpital ? Quel pouvoir donné à la gestion financière ? Quelles sont les formules d’échec à ne pas répéter ? 

Tandis que ces sujets restent brulants, l’autre tragédie se déploie au sein des entreprises ; les dirigeants tout d’abord ont encaissé des chocs d’une violence inouïe ; l’essence même de la gouvernance ne cesse d’être (re)intérrogée ; les bonnes décisions sont-elles prises ? L’arbitrage des priorités est-il le bon ? Doit-on sacrifier le long terme sur l’autel du court terme ? Quelle stratégie digitale entreprendre ? Quels investissements réaliser ? Comment manager les équipes ? Comment développer le génie collectif ? Comment se transformer pour (sur)vivre ? 

Comment faire précisément tout cela avec des collaborateurs dont certains ont le sentiment de vivre dans un tunnel depuis plus d’un an ? Comment monitorer la santé mentale des équipes avec le souci de connaître la vérité pour prévenir les drames qui sont au bord du sentier ? Comment identifier les vulnérabilités des premiers, jusqu’aux derniers de cordées ? Comment nous montrer attentifs au bien-être des dirigeants qui portent le spectre de mille espérances ? 

Le COVID offre l’opportunité de revisiter la valeur travail ; est-ce une vocation ou une simple activité alimentaire ? Quelle est la valeur perçue de l’utilité d’un collaborateur au sein de son organisation ? Comment développer l’employabilité de chaque salarié ? Comment apprendre tout au long de sa vie ? Quel rôle pour le manager ? Quel positionnement pour la direction des ressources humaines ? 

Et ces inquiétudes sont un trait d’union avec celles de la société qui ne sait plus comment contenir les ressacs de l’isolement, de la précarité socio-économique et de la quête de sens d’un nombre de plus en plus élevé de nos concitoyens. Et, nous assistons trop impuissants à la détresse des frontières générationnelles : le troisième âge vs. les jeunes. 

Depuis le début du confinement, les générations sont opposées comme pour essayer de donner du sens à une épidémie agile et teigneuse qui fait tourner le monde en bourrique. 

Sa présence insistante montre les béances des insuffisances des EHPAD et pose en creux la place des « vieux » dans la société. Comment les aimons-nous ? Comment les traitons-nous ? Comment les soignons-nous ? Est-ce là la décence que nous pouvons leur offrir ? Est-ce à la hauteur ? 

Quant à la jeunesse, ce coup d’arrêt remet l’éducation au centre ; au-delà du lien, chacun se souvient que nourrir son esprit est vital ; et le livre est une pièce maîtresse de cette noble occupation. C’est sans doute pour cela que la fermeture des librairies pendant les deux premiers confinements a tant choqué. 

 

Les polémiques 

Et les polémiques quant à la valeur essentielle de la culture sont un débat sans fin ; le cinéma, les musées et les spectacles vivants sont à l’arrêt, mettant ainsi au chômage technique un mille-feuilles de métiers dépendants les uns des autres. 

C’est une des premières polémiques, mais malheureusement pas la dernière. La scène politique voit se succéder des sachants désinformés qui ne cessent d’affirmer au mépris du doute, se voulant ainsi conseil du gouvernement sans responsabilité, ni conséquence, sinon celle d’occuper le terrain à travers les ondes pour raconter avec l’assurance des ignorants ce qui nous échappe à tous. 

Nous avons raté l’occasion de nous élever sur le plan politique ; pire, des médecins ont pris exemple sur ce contre-exemple pour dérailler d’ondes en ondes ; fiers de cette nouvelle existence cathodique, certains médecins ont usé les bancs jusqu’à la corde pour nous transmettre leurs peurs, leurs doutes et leur désir-réflexe de nous enfermer, sans nécessairement prendre leurs responsabilités, en se vaccinant pour commencer, pour ne pas contaminer les malades hors-covid par définition déjà vulnérables. 

Le vaccin est donc une autre zone de friction qui témoigne du rapport que les français entretiennent avec la nouveauté, la rapidité et la technologie ; derrière cela l’autre enjeu est celui de la pédagogie. Nous sommes nuls en storytelling ; nous ne savons pas raconter les histoires. 

Nous bégayons pour raconter nos succès qui se transforment dans notre regard en échecs ; nos voisins nous croient à moitié dingues de nous plaindre sans discontinuer de tout, notamment du soin que le pays déploie pour nous protéger, en dépit de nombreuses erreurs de communication et d’arbitrage, à savoir les deuils empêchés, les accouchements masqués, les morts solitaires et bien d’autres angles-morts. 

Nous itérons sans honte sur ce qui nous manque, sans regarder avec un peu d’objectivité ce que nous avons collectivement reçu. 

Nous avons tenté de chercher de l’espoir dans le monde d’après, mais l’effort est trop difficile. Notre capacité à rêver est en panne ; c’était déjà le cas avant le covid et plus encore maintenant. L’écologie tente une embardée crispée pour nous convaincre d’entreprendre ici et maintenant le chemin d’une décroissance aride sur le plan créatif et « étrangement » cela ne fonctionne pas. 

Tous les compteurs s’agitent et l’aiguille est à la peine ; nous ne savons pas où mettre le curseur de notre réinvention.

 

Le monde VUCA 

Nous savons désormais sans le moindre doute que le bonheur est volatil ; nos certitudes se sont envolées à la faveur de l’année qui vient de s’écouler. Les injonctions de transformation sont toujours à l’agenda, mais la pertinence du récit à faire a déjà pivoté. 

Nous sommes donc en proie au doute, à la peur, aux incertitudes et nous trouvons trop souvent refuge dans la loi pour nous protéger des innovateurs, pour organiser le télétravail, jusqu’à demander le secours de la CNIL pour déterminer si allumer sa camera ou non est un droit du télétravailleur en mode zoom plutôt qu’un devoir. Nous nous protégeons au lieu d’imaginer, d’inventer et de créer. 

Notre récit d’une année de COVID témoigne de notre malaise face à la complexité ; nous voulons des réponses claires et sans risques quand nous devons au contraire tenter la voie exploratoire pour ajuster en mode agile ce que nous ne maîtrisons pas ou si peu. 

Nous sommes partis pour un voyage en long courrier dans un environnement peu lisible qui oblige à bâtir des hypothèses pour avancer avec audace, dans le brouillard et cela laisse à supposer que chacun essaie d’agir avec intelligence, en dépit de l’ambiguïté des rôles à endosser, des risques à prendre, des audaces à concrétiser. 

S’il y a un domaine qui doit plus que jamais être à l’agenda de notre pays et de nos entreprises, c’est la confiance ; nous devons apprendre à croire en nous, en commençant par cesser de nous invectiver pour exister, de nous mentir collectivement pour créer le buzz, de nous mépriser en choisissant des acteurs politiques opportunistes, peu courageux et préoccupés avec constance par leur pouvoir individuel. 

Nous devons apprendre à nous aimer pour reconquérir nos territoires rêvés et perdus ; Mars, c’est la porte d’à côté. Alors osons !  

Nicole Degbo 

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