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Management - Génération Y - Millenials - Motivation - Engagement -

Management

Désenchanté | Désenchanteur

Édito — il y a 5 années

Temps de lecture: 3 minutes

Une génération désenchantée qui produit à l'insu de son plein gré un vent d'enthousiasme fou et en même temps un si grand désenchantement.

1

Génération 

La génération x, y, z : une génération désenchantée avant l’arrivée d’étranges humanoïdes qui, dépossédés de tout affect, redéfiniront les règles du marché.

On a tout entendu sur cette génération. J’ai toujours pensé que ce n’était pas tellement une question de génération mais de cycle. 

Le capitalisme tel que nous l’avons connu depuis des années boite. Les 30 glorieuses sont derrières nous depuis un moment et personne n’a trouvé le remède miracle pour inviter à nouveau cette période d’opulence dans notre quotidien et canaliser ainsi la colère montante des laissés-pour-compte.

Alors, chacun s’adapte à ce nouveau monde en polarisant sur un nouveau truisme générationnel : le désenchantement. 

Ces nouveaux travailleurs sont comme le monde VUCA. 

2

Volatilité

Ils ont des rêves, des illusions et en même temps des désillusions. 

Ils ont vu les générations précédentes sacrifier beaucoup avec peu de récompenses. Aussi, de manière défensive, ils se sont construits une carapace mentale pour éviter de suivre le même chemin que leurs ainés. Ils ont donc des rêves et la ferme intention de ne pas y renoncer. 

Ils scannent le marché, font leur body-shopping d’entreprises possibles puis négocient avec soin leurs conditions de travail. C’est la génération "Je veux tout" : un job de rêve, un salaire de rêve, un patron de rêve, une liberté de rêve et une accélération de rêve. 

Donc c’est la génération "tout, tout de suite".  Le cas échéant, elle ose claquer la porte pour conquérir un nouvel eldorado, à défaut de créer le sien. Et paradoxalement, le chômage de masse crée une inquiétude presque structurelle à cette génération-là. 

3

Incertitude

Leur fidélité est donc frappée d’incertitude dès le premier jour. 

Au fond, à bien y regarder, les choses ne sont pas nécessairement planifiées. C’est une génération en quête de sens qui se cherche ; c’est une génération tech. native qui dispose de beaucoup d’informations et les analyse avec le recul de son intelligence. En bref, une génération douée, qui a la fraîcheur de la jeunesse, la modernité de l’époque, l’audace en bandoulière, mais une chose fait parfois défaut : l’expérience de la vie. Elle oublie que la vie, une vie active, curieuse et sage, épaissit le cuir et offre quelques kilomètres au compteur pour observer le côté face, mais aussi pile d’une même pièce. L’expérience permet de ne pas avoir une vision manichéenne des choses de la vie.

Cet oubli qui, en réalité, a du poids crée une insatisfaction permanente et chronique chez cette jeunesse vive et impatiente qui a parfois, sinon souvent, le tort d’imaginer que le bon sens est systématiquement de son côté. C’est une génération qui pense avoir souvent raison, qui dans sa manière de faire peut témoigner d’un manque d’humilité car prompte à donner des leçons de vie aux plus anciens, sans y voir la moindre arrogance. 

4

Complexité 

C’est une génération dont la pensée est parfois complexe car ses envies sont précisément complexes. C’est un monde d’injonctions paradoxales : "je veux le jeu et le confort. Je veux prendre des risques, mais sans perdre. Je veux être un pirate, mais riche. Je veux changer le monde, mais à court terme. Je veux vivre une expérience entrepreneuriale, mais vendre mon entreprise à la première bonne occasion. Je célèbre l’agilité, mais à mon profit.  Je veux changer le monde, mais mon monde".

C’est une génération cynique. C’est une génération qui a grandi avec un parfum de cynisme inévitable pour ne pas se laisser broyer par le système. C’est donc une génération de guerriers. Ils tuent avant qu’on ne les tue. 

C’est une génération qui parle de valeurs mais, en bien des occasions, en montre peu car elle obéit à une règle : moi d’abord.

C’est une génération egocentrée qui prône des valeurs sociales révolutionnaires, mais rarement à ses dépens. Mais la faute à qui ? 

5

Ambiguïté

Le système a engendré ce type de comportements. Le système a produit ces nouveaux travailleurs dont l’engagement est ambigu.

C’est une génération qui trouve normal que le marché se redéploie naturellement autour d’elle. Il faudrait que la somme des générations passées se plient en quatre pour satisfaire ses besoins car elle serait l’avenir, donc prioritaire. 

Et le marché, désarçonné et en même temps coopératif, tente de résoudre cette équation en introduisant une autre forme de capitalisme comportemental ; le laisser faire - laisser passer. 

Tout le monde agit comme si les demandes de cette génération était révolutionnaires alors que franchement : Quel travailleur n’a jamais cherché du sens dans son travail ? Quel travailleur n’a pas besoin de se sentir utile pour se sentir épanoui ? Quel travailleur n’a pas eu besoin d’exercer son intelligence dans un climat de confiance ? Quel travailleur n’a jamais cherché à améliorer les qualités de son environnement professionnel en produisant des idées ? 

Et c’est ainsi depuis que le monde est monde. 

6

Désenchantement 

Qu’est ce qui nous est donc arrivé pour laisser les choses dégénérer à ce stade ? 

Ce système vicieux et pernicieux a produit et produit encore des générations de désenchanteurs. 

Et, cette attitude libre, mais en réalité de cow-boy produit des troubles dans le quotidien du travail. Il y a une perte générale de repères qui entraîne beaucoup de désillusions chez les plus anciens. Ceux-là donnent de leur temps, mais se sentent jugés ou périmés au contact de cette nouvelle génération qui manie certains codes et en rejette d’autres. Ce sont des anciens qui offrent leur loyauté sans contrepartie certaine ou alors d’une fugacité troublante. Ce sont des anciens qui transmettent leur expérience de vie avec l’étrange sentiment qu’elle intéresse peu car pas assez tech., pas assez compatible avec la vie rêvée des réseaux sociaux, etc.

Nous devons collectivement nous réinventer, mais pour y arriver, il faut que cette génération désenchantée cesse d’être en colère et de faire payer aux anciens la chute du monde avec l’arme de destruction massive que produit le désenchantement provoqué par cette loyauté filante et cet engagement dont l’obsolescence est programmée. 

Il s’agit de définir ensemble d’autres règles pour construire ensemble un nouveau capitalisme : un modèle basé sur la performance sans souffrance. Naïf ? Défions-nous pour voir !   

Mais, le temps nous est compté avant de collectivement nous autodétruire. 

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Le progrès prend du temps.

Barack Obama