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DEI - Gouvernance - USA - Inclusion - Entreprise - CEO - Apple - France -

Diversité, Equité, Inclusion

DEI : Gouvernance vs Tendance

— il y a 1 mois

"Si vous savez quels sont les héros de quelqu'un, cela vous en apprend beaucoup sur lui." Steve Jobs

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La tempête DEI 

Les politiques DEI (Diversité, Équité, Inclusion) sont attaquées ; elles sont violemment remises en cause aux USA ; d’abord par la Maison-Blanche aux couleurs de Trump-Musk et ensuite par des dirigeants manifestement peu convaincus et/ou engagés qui choisissent d’imiter le fait du prince. 

Nous voilà en plein repli, pour ne pas dire recul, sur un sujet qui a produit beaucoup de données pour expliquer qu’une entreprise et de manière plus large, une société se porte mieux si l’inclusion est un principe. 

Des gens sont licenciés et des bénéficiaires de ces politiques voient leurs droits interrompus brutalement et avec fierté. L’armée et l’administration fédérale sont les premiers champs de bataille ; la Maison-Blanche met en congés forcés, avant de licencier, l’ensemble des employés fédéraux chargés de lutter contre les discriminations au sein de l’appareil d’Etat. Les firmes américaines emboîtent le pas de manière plus ou moins bruyante. Meta se prépare à licencier 3.600 personnes, en revendiquant une ambiance plus masculiniste. Mc Donald’s qui, pendant longtemps, a affiché une politique d’inclusion volontariste choisit de désosser son engagement, en abandonnant les politiques fournisseurs, la mesure du progrès et les objectifs ambitieux tout en osant réaffirmer sa fermeté sur ces sujets. 

Walmart fait du Walmart ; l’acteur est connu pour son opportunisme et il supprime tout simplement toute mention de DEI dans ses politiques.

Amazon retire toute mention spécifique des droits LGBTQ+ et des communautés noires. Google, a mis fin, mercredi 5 février, à ses programmes conçus pour favoriser la diversité dans les recrutements. Enfin, Accenture à supprimé ses objectifs mondiaux en matière de diversité et d'inclusion après une évaluation de l'évolution du paysage politique américain, selon une note interne consultée par Reuters vendredi ; l'entreprise commencera à "supprimer" les objectifs de diversité qu'elle avait fixés en 2017, ainsi que les programmes de développement de carrière pour "les personnes appartenant à des groupes démographiques spécifiques".

Quelques entreprises gardent le cap malgré la pression de leurs actionnaires, parmi les plus connues Apple ou JP Morgan. 

Ainsi, pendant de nombreuses années, les Etats-Unis ont considéré que l’histoire des discriminations du pays constituait une dette dont le prix à payer était l’affirmative action et notamment les quotas. Ces politiques n’ont pas tout réparé, mais elles ont favorisé l’émergence de role models et d’une classe sociale moyenne et supérieure chez les minorités ; ces politiques ont nourri le rêve américain à travers le monde entier. 

Des millions de gens ont pu se reconnaître dans une diversité qui réussissait grâce au travail, à l’audace et à la chance. Ces perspectives ont motivé des migrations et le résultat est un écosystème d’entrepreneurs d’origine étrangère extrêmement créatif et productif. Ce sont des gens qui créent indéniablement de la valeur aux USA. 

À travers ce limogeage à grande échelle, les USA s’attaquent à une large partie de leur soft power : le rêve américain. 

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Le cours de la DEI 

Alors, faut-il résister ? Les entreprises sont-elles obligées de participer à ce mouvement de négation du progrès ? Est-ce une question d’allégeance ou est-ce un prétexte pour arrêter une politique qui n’était pas une conviction profonde ? 

Dans un réflexe pavlovien et avec le plus grand des cynismes, des entreprises cèdent à la tendance, sans réfléchir sérieusement. En effet, que vont penser les salariés de ce mouvement de recul ? Quel impact cette décision aura-t-elle sur la marque employeur ? Un haut potentiel ou un talent a le choix d’aller où le climat est plus accueillant ; les autres profils n’ont, de fait, pas intérêt à rejoindre une entreprise dont les positions DEI sont régressives. 

Les clients peuvent également s’organiser pour boycotter les marques qui s’engagent implicitement contre le DEI. Ils peuvent agir individuellement ou collectivement et signifier ainsi aux enseignes que leur position a un coût. 

Cette période raconte quelque chose de profond ; elle clarifie les positions et montre au grand jour les convictions, le caractère et la cohérence des uns et des autres, en particulier des dirigeants. 

Les entreprises qui n’auront pas à résister sont celles dont la politique DEI est partie intégrante de la gouvernance ; l’enjeu est réfléchi et décliné en termes d’objectifs et de comportements dans les principes de management de l’entreprise quels que soient les vents contraires. L’ensemble de l’écosystème de gouvernance est infusé par la philosophie DEI de l’entreprise, soit les valeurs, la culture, le style de management et de leadership. Les personnes en désaccord avec ces principes ne sont pas recrutées car il n’y a pas d’exception. C’est une histoire de discipline car le respect est une histoire d’éducation, d’exposition à la différence et d’endurance face au temps et à la complexité. 

Voila pourquoi, les entreprises qui ne changent rien ne doivent, au fond, pas être applaudies ; c’est juste la réaffirmation de ce qui est et doit être ; il est en revanche intéressant de se demander de quelle manière les dirigeants qui ont si promptement abandonné leur pseudo-engagement pourront à nouveau faire volte-face quand l’ère Trump II aura produit le pire des Etats-Unis et que leur entreprise, en panne de diversité, montrera certains signes d’essoufflement. 

Les résultats et la valorisation d’entreprises comme Apple et JP Morgan montrent que la DEI est un bon chemin, même s’il n’est pas le seul ; l’excellence doit rester le moteur non-négociable de toute entreprise. 

La gouvernance est un rempart contre l’incertitude politique : c’est un bouclier contre la volatilité des tendances. Alors, demandez-vous à quel niveau se situe votre politique DEI ? Est-ce un élément de gouvernance ou est-ce juste un levier d’attractivité plus ou moins cosmétique ?

La question est clef car amputer cet élément de sa gouvernance serait un acte de déséquilibre alors que supprimer un point accessoire de sa politique ne change pas le cours des choses. 

J’aime à dire que ce que l’on fait dans sa vie résonne dans l’éternité et bien ce moment est plus important qu’il n’y parait car l’empreinte DEI de ces quatre prochaines années sera à mettre au crédit ou au débit de l’héritage et du rayonnement des marques. Nous sommes dans un monde global et nos actes produisent des conséquences globales. 

 

Nicole Degbo 

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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Vladimir Jankélévitch