Casser l'entre-soi

L’actualité me donne envie de lire Churchill, mais notre mode de vie m’incite à lire « The Good Life ». Ce livre raconte que le meilleur actif d’une vie est la qualité des relations ; pendant 80 ans, 724 personnes et leurs 1300 descendants ont été suivis par des éminents chercheurs et médecins afin de déceler la cause-racine de leur bien-être. 

Je viens de vivre une expérience d’altérité qui confirme les résultats de cette étude ; Women’s Confessions, un événement organisé par La Cabrik, a célébré 70 personnes, le 8 mars ; c’était une croisée des mondes : de l’entrepreneuriat au salariat, des mathématiques à l’art, du monde des affaires au monde non-lucratif, du public au privé, d’une génération à l’autre, d’un ailleurs à l’autre. 

Ces gens se sont aimés. Le commun était l’intelligence et la simplicité du sens des autres car cela facilite le pas vers l’autre et c’est précisément le point : la différence et donc la tolérance de la différence. Ce préalable à la rencontre est le creuset de la curiosité qui est précisément le fioul de la discussion. 

Écouter, raconter, partager avec ouverture et bienveillance pour emprunter les ponts qui nous séparent et réduire l’écart au lieu d’en faire un mur. C’est ainsi que des brèches se créent, puis se creusent, par la rencontre, grâce à des points qui se relient par-delà nos récits propres ; et, notre commun a plusieurs visages : des passions, des expériences, des lieux, des émotions, des doutes, des peurs, des joies, des espérances, des ambitions, des engagements et tant d’autres choses en partage. 

Notre défi est de mener une lutte acharnée contre l’entre-soi pour faire sauter les digues de la facilité sous l’emprise de l’aisance cognitive. 

Casser l’entre-soi ne signifie pas convoquer l’exotisme comme une distraction fugace ; c’est plus certainement mélanger les foules pour non pas tromper l’ennui, mais ouvrir la porte à l’intelligence qui s’amuse et décadenasser les esprits. 

La chaleur n’est pas dans l’uniformité ; la créativité n’est pas dans la linéarité ; la richesse n’est pas dans l’absence d’aspérité. L’entre-soi est un confort piégeux qui rétrécit la vue et affadit l’expérience au lieu de la rendre nourricière. C’est le symbole de l’absence de risques et d’une tranquillité mortifère qui prospère avec conviction dans l’erreur ou avec de faibles perspectives. 

L’entre-soi se cache derrière la tranquillité alors qu’il symbolise la peur. Nous devons partir en voyage vers l’autre pour faire voyager nos esprits et donc nos idées et ainsi faire bifurquer nos entreprises vers un humanisme inventif. Les meilleurs entreprises ont compris cela depuis longtemps. C’est une source de joie, de partage et de croissance. 

 

Nicole Degbo 

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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.