L'information : facteur de stabilisation de l'entreprise
Publications — il y a 4 mois
"Les influences qu’on n’arrive pas à discerner sont les plus puissantes". Gustav Meyrink
L’information est un actif ; c'est ainsi que dans beaucoup d’organisations, des manœuvres d’influence se jouent régulièrement car la croyance est que l’information, c’est le pouvoir. Alors, l’information est dissimulée et instrumentalisée aux dépens de son traitement. Au lieu d’être disséquée et passée sur le gril, elle vit dans des tunnels sous-terrain au profit du calcul.
Or, l’investigation devrait être le maître-mot ; cela implique de poser des questions, les bonnes, mais également de dialoguer avec les bonnes personnes, toute en exploitant les sources d’information pertinentes pour obtenir une information un peu plus sophistiquée et susceptible de nourrir la réflexion et l’interprétation des données.
Collecter de l’information est un savoir-faire raffiné par la compréhension des signaux faibles. Dans ce cadre, les biais informationnels impactent et nourrissent les biais décisionnels. L’esprit doit entrer en résistance avec les interprétations inconscientes, les biais conscients, le manque de compétence et les mécanismes de protection qui altèrent une juste exploitation d’une information qui va alors créer un champ de distorsion décisionnel qui peut être aggravé par des biais d’organisation, de perception de la responsabilité et de la situation. Et ces influences peuvent être augmentées par le statut attribué des tenants de l’information qui sont sous l’influence silencieuse et naturelle de leur socle d’éducation, de leur environnement socio-culturel et de leur histoire de vie.
Nous devons donc apprendre à appréhender que l’information a un coût ; elle peut accélérer le temps ou, au contraire, le ralentir. Il y a les coûts évidents et aussi les coûts cachés qui devraient donner à réfléchir à plus d’un dirigeant tenté de laisser prospérer les jeux politiques liés à l’information au sein de l’entreprise.
Aussi, fort de ces possibilités d’interprétation, l’enjeu est de neutraliser les bruits qui peuvent induire en erreur les décideurs sur le plan stratégique, économique, social, technologique et de manière générale en matière de gouvernance ; et cela commence par l’exercice des revues stratégiques, l’animation des comités de direction, la conversation managériale, la compréhension des travaux menés par les divers cabinets de conseil, la lectures d’études sectorielles et métier et tant d’autres choses.
Tout est susceptible de nourrir la prospective qui, par nature, peut challenger le cap d’une orientation stratégique qui doit être clair par structure, et en même temps agile.
Ainsi, il est fondamental de former les équipes à l’écoute active, à savoir l’écoute, la compréhension, le silence et la bienveillance ; c’est une base de mise à distance intellectuelle qui doit être complétée par l’entraînement à l’esprit critique pour oser participer à des débats musclés si nécessaire car il n’est pas rare d’observer des majorités numériques créer des consensus articulés autour d’hypothèses fausses alimentées par une vulnérabilité informationnelle, émotionnelle et cognitive. Et, clairement, l’ego et le dogme sont des bruits à challenger avec force et discipline car ils ont le pouvoir de faire dérailler les foules, mêmes éduquées.
Voilà pourquoi, le management doit se saisir de l’enjeu d’information pour décider mieux.
Nicole Degbo
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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.