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Gouvernance

Licenciements : mode d’emploi

Actualités — il y a 4 années

❛ Le temps malgré tout a trouvé la solution malgré toi.❜ Socrate

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Septembre : temps agité

L’agenda social sera un réveil brutal à la réalité. 

Un grand nombre de dirigeants se sont montrés conciliants et se sont adaptés au rythme indolent du déconfinement des salariés dont une large part ne se sentait pas prête à revenir véritablement au bureau. 

Ce télétravail forcé a souligné le manque de sens du travail, l’enjeu de la performance managériale et la problématique des modes de travail. Les salariés ont redécouvert les vertus de la protection du salariat, même s’ils plébiscitent le télétravail à raison de 2 à 3 jours par semaine. La question du temps de travail resurgit par ailleurs et, pour l’heure, peu de salariés se sentent affectés dans leur carrière (source Les Echos). 

Seulement, l’agenda des patrons met la priorité sur d’autres enjeux : la sauvegarde de l’entreprise. 

Bien entendu, beaucoup d’entreprises ont bénéficié du pont aérien de cash mis en place par la BPI, en collaboration avec les banques, pour éviter les faillites en série. Aussi, certains salariés ont l’illusion de penser que leur entreprise a une trésorerie à l’équilibre ; mais, tant que le marché ne revient pas à la normale, la croissance est en convalescence. 

Et si la croissance est en berne, les emplois sont directement menacés. Nous le voyons bien, aux Etats-Unis, l’emploi a été la variable d’ajustement ; du jour au lendemain, des millions de salariés ont perdu leur travail, avec un coussin social plus ou moins existant. En France, notre modèle social souvent décrié a montré sa force. Des entreprises vont malheureusement déposer le bilan, mais grâce aux nombreux dispositifs imaginés par le Ministère de l’Économie et des Finances, ainsi que le Ministère du Travail, des milliers d’entreprises vont s’en sortir, non sans souffrance. 

La polémique des licenciements boursiers sera un thème fort de la rentrée ; mais, nous devons assumer l’idée que la réalité est plus complexe que cela. 

Diriger une entreprise, ce n’est pas simple ; alors, diriger une entreprise dans un contexte de crise mondiale où l’économie a été mise à l’arrêt, certes artificiellement, mais tout de même, est une affaire d’une très grande complexité. Des secteurs entiers sont en souffrance et je dirais même plus, sont dans un schéma de douloureuse impuissance acquise. Alors, que faire ? Comment travailler lorsque le travail est empêché ou que la peur anesthésie tout désir de consommation ? Comment négocier avec la psychologie pour redonner confiance ? 

Ces sujets touchent naturellement aux enjeux de l’expérience client, mais en réalité, il s’agit bien de gouvernance et de stratégie. 

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La domination des coûts 

Comment diriger une entreprise assiégée par un virus mondial ? 

Une fois actionné le levier du chômage partiel, parmi les premiers réflexes, il y a la réduction des coûts : les coûts non essentiels sont passés au tamis de l’urgence et de la fragilité de l’entreprise, jusqu’aux salaires et aux dividendes ; mais au regard de la gravité de la situation, ce ne sera pas suffisant.

Alors, à l’aune du télétravail, l’immobilier de bureau est réévalué pour juguler la casse sociale. PSA annonce son intention de réduire de manière significative son empreinte immobilière, en faisant du télétravail la règle pour les métiers hors production ; Facebook accentue sa politique de télétravail en espérant que cela permettra à l’entreprise de gagner en agilité grâce à des recrutements dans le monde entier et un ajustement des salaires selon le lieu de vie des collaborateurs ; même The Family quitte ses bureaux emblématiques de la rue du Petit Musc. 

Un grand nombre d’indicateurs sont flous et la menace d’une seconde vague augmente encore l’incertitude. Alors, depuis quelques semaines, nous sommes passés du décompte macabre des morts à celui du nombre de postes supprimés : les prévisions sur le territoire français s’affinent (6.560 chez Air France, 5.000 chez Airbus, 1.000 chez Hutchinson - Groupe Total -) et les plans sociaux se préparent dans un grand nombre de secteurs. 

La gouvernance financière pousse inévitablement à la réduction de la masse salariale pour traverser la tempête. Il y aura bien entendu le privilège des départs anticipés à la retraite, mais les jeunes comptent parmi les premières victimes. L’apprentissage et les recrutements de jeunes diplômes sont reportés, revus à la baisse ou tout simplement annulés. 

En septembre, l’inquiétude pour l’emploi promet le spectacle d’une France à nouveau bloquée avec des manifestations et des grèves, mais ce ne sera pas la solution ; pire encore, cela risque d’aggraver le problème. La direction générale, en collaboration proactive avec les métiers de la stratégie, de la transformation, de l’innovation, des ressources humaines et de la finance, doit mettre l’entreprise en perspective. L’angle financier est un sujet d’importance vitale, mais cela ne peut pas être le seul juge de paix. 

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Le rempart de la stratégie 

Des questions fondamentales doivent inévitablement se bousculer dans les têtes : quelle est la stratégie de l’entreprise ? Un pivot stratégique est-il nécessaire ? La politique digitale a t-elle été efficace pendant le confinement ? Quelle est la réalité de la réussite de la stratégie de transformation ? Quels sont les métiers essentiels ? Quels sont ceux dont l’entreprise aura besoin demain ? Quels sont les recrutements nécessaires ? Quels sont les métiers et/ou les personnes pour lesquels il est possible d’organiser une montée en compétence ? 

Ce sont les réponses à ces questions qui doivent permettre de positionner le curseur des licenciements au bon endroit. Et avant le licenciement, il s’agit de réfléchir s’il est possible d’organiser une expérience à l’international pour certains collaborateurs (groupes internationaux), d’évaluer si certaines ressources seront nécessaires au lancement d’une nouvelle activité ou d’un nouveau marché, d’évaluer les dispositifs de formation à actionner et d’organiser le temps partiel pour les collaborateurs les moins vulnérables socialement. 

Même si l’urgence est à la porte, le licenciement peut difficilement intervenir avant ce type de réflexions. En effet, le pire est de voir des entreprises recruter à nouveau des personnes qui ont bénéficié d’un plan social. Il y a en général peu de publicité sur ces cas, mais ils existent et cela racontent bien l'impréparation de certaines décisions.

De plus, une fois le principe des départs acté, il faut préparer les publics concernés à leur changement de situation plutôt que de les abandonner dans la nature ; et c’est là que le travail des ressources humaines prend non seulement tout son sens, mais montre toute son humanité. 

Négocier des outplacements ne suffit pas, surtout quand on connaît la performativité réelle de ces dispositifs. Il faut accompagner les salariés vers autre chose, en les aidant à comprendre que quelque chose de mieux les attend peut-être. Il y a tout un travail à mener sur l’enjeu du projet professionnel pour éviter que les collaborateurs ne se sentent démunis, voire désorientés. 

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Le sens impérial 

Pour ceux qui restent et en règle générale, c’est la grande majorité, l’heure est venue d’élaborer un chapeau narratif pour donner du sens au travail et à l’action. Et clairement, les gesticulations autour de la raison d’être de certaines entreprises montrent que cette séquence est insuffisante. J’en veux pour preuve la courbe de l’absentéisme qui continue d’augmenter (source Malakoff Humanis).

Les collaborateurs n’ont que faire de participer à des réflexions autour d’une raison d’être un peu, voire totalement, déconnectée de leur métier premier. Ils veulent comprendre le sens de leur mission. Et, cela est un travail au long cours ; c’est une longue itération des dirigeants, en concertation avec les équipes pour définir et incarner une mission (immuable) avec ses principes directeurs (agiles) qui peuvent intégrer un enjeu social et/ou politique, mais ce n’en est pas la fonction première. 

La mission donne un cap très structurant sur lequel l’ensemble des équipes peut s’appuyer. Nous l’avons vu, Danone devient une entreprise à mission, dans la continuation de la vision d’Antoine Riboud ; d’autres entreprises comme Maïf ou Accor ont également une trajectoire très claire qui facilitent le travail des équipes par temps calme ou par temps mauvais. 

La gouvernance joue le rôle d’un phare qui soutient l’entreprise en toute circonstance, même lorsque le brouillard est épais. Elle ne peut pas empêcher les licenciements, mais elle peut apaiser les esprits et ce n’est pas du luxe.

La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.

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Le futur appartient à ceux qui voient les possibilités avant qu'elles ne deviennent évidentes.

Theodore Levitt