
Leadership
Les paradoxes du leadership
Actualités — il y a 2 semaines
Le choc de l’entreprise face au monde est une équation difficile de la gouvernance.
Les errances du leadership
Les entreprises restent aux prises avec les mêmes problèmes : travail, engagement, confiance, responsabilité, transformation, santé mentale, etc. Bref, un inventaire à la Prévert de tous les maux habituels sur fond de crise du télétravail.
En effet, épuisé par le délitement de l’intelligence collective, et pour certaines entreprises de l’innovation, des dirigeants braquent dans un sens contraire et négocient presque par la force un retour au travail au risque de provoquer une protestation par les pieds. Le mouvement est parti des États-Unis avec Amazon, Elon Musk, Jamie Damon et s’étend désormais en Europe, notamment en France avec la Société Générale ou d’autres acteurs tels que Free, JCDecaux, etc.
Ce moment est quasi schizophrénique si nous nous souvenons des récents débats sur la semaine de quatre jours.
Nous pouvons, à l’évidence, parler d’un désalignement entre les collaborateurs et le management nourri par l’évitement des conversations et des décisions difficiles.
Les essentiels ont peu ou mal été débattus car après la Covid, il fallait ménager tout le monde avec les syndicats en embuscade et une société aux prises avec le débat sur la retraite dont les termes portaient en creux les dysfonctionnements du travail.
Le management oscille régulièrement entre un style horizontal et vertical, sans véritablement trancher.
Les collaborateurs plébiscitent la liberté, mais dans un rapport à géométrie variable avec la responsabilité. Beaucoup veulent l’autonomie sans conséquences tandis qu’une majorité de managers ont plutôt un background technique et sont en quête d’un style. Le modèle par défaut est le contrôle de la présence, de la parole et du rayonnement.
Le choc et le malaise sont donc inévitables au risque d’un retour en arrière et d’un climat social dégradé.
Diriger sans tergiversations
Pendant ce temps, le monde change de visage, de code et de territoire pour paraphraser Asma Mhalla. Le leadership se redéfinit autour de la force et la brutalité est assumée.
Le monde se raconte en mode post-vérité. Ce n’est plus le réel qui gagne, mais le dirigeant qui a les moyens de redessiner sa réalité et de l’imposer à tous, en dépit de l’absurde.
C’est la loi du plus fort où chacun prend ce qu’il veut. Ce sont des lignes qui bougent en permanence et qui exigent de l’agilité, et, par-dessus tout, une bonne compréhension du monde ; pas une vision littérale de ce qui est énoncé, mais bien la capacité à lire entre les lignes, pour trouver un espace de négociation.
Ainsi, qu’il s’agisse de l’entreprise ou du monde, les lignes se fragmentent et se recomposent et il s’agit de trouver rapidement un style pour aller activement dans une direction avec un cap et sans tergiversations.
Le monde tel qu’il va exige de l’agilité dans l’incertitude, mais sans renier à l’envi les valeurs cardinales de son organisation. Le travail culturel était un luxe hier et il devient un essentiel aujourd’hui afin que chaque collaborateur soit au clair du lieu où il parle et des valeurs portées par l’entreprise, sans contradiction.
Cela signifie résoudre une part des dilemmes culturels, énoncer le style de leadership adapté à l’entreprise, réduire considérablement les injonctions paradoxales, inspirer et rassurer.
Nous sommes au carrefour d’une mécanique froide et brutale et en même temps humaine et souple.
L’enjeu n’est pas simple. Il demande de l’intelligence, de l’humilité autant que de la fermeté et une audace bien culottée pour négocier et défendre les lignes et les horizons de l’entreprise.
Le leader en vogue est un animal politique, féroce et à visage humain. Les deux en même temps.
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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.