Talent strategy
Le paradoxe du budget
Publications — il y a 5 années
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La vie en entreprise est un cycle : idée, incarnation, naissance, croissance, doute, hésitation, recul, chute et rebond sinon la fin.
Le management du changement est une vision inspirante qui transcende et porte l'entreprise vers un autre possible.
Le changement est donc souvent une inquiétude qui perturbe les habitudes, bouscule les conservatismes et oblige à une remise en cause sincère et profonde pour se transformer au bénéfice du progrès, à peine de n'avoir aucun sens.
Il est donc préférable de naviguer par temps calme, mais le changement devient un état de nécessité en pleine tempête, car il faut certes puiser dans son expérience, mais surtout avoir un cap audacieux et tenir le gouvernail avec fermeté et courage pour arriver à bon port, sain et sauf.
Le budget est alors une question centrale, car il ouvre ou ferme le chemin, contient ou nourrit une ambition, construit ou détruit une entreprise.
Le budget se doit d'être géré avec rigueur, mais il ne doit pas être la bride qui étrangle l'énergie créatrice d'une entreprise.
Le pilote du budget est donc un funambule qui doit composer avec différents équilibres pour ne pas mettre l'entreprise en péril, tout en lui offrant suffisamment de souffle pour puiser dans ses ressources et se saisir de toute sa valeur.
Tout le talent du management réside dans sa capacité à renforcer l'intelligence collective pour créer des économies d'échelle, en capitalisant sur les compétences de tous, des talents en particulier. Une entreprise sans talents part clairement avec un handicap ; elle est presque en état de pauvreté, car avoir des idées, sans talents pour les réaliser est une ambition perdue.
Dans un marché en tension, combler son retard en recrutant, notamment des talents a un prix.
Sauf qu'un talent n'est pas un centre de coût, mais un investissement, un pari sur le futur. En France, le recrutement et la gestion des talents sont depuis toujours une question particulière qui joue les trouble-fêtes dans le management des hommes ; elle déstabilise la question de l'équité et offre un théâtre de culpabilité qui n'a pas lieu d'être, au risque d'installer une dynamique de compromis avec la notion de talent.
La frilosité du budget dédié aux talents finit par négocier précisément et in fine dangereusement l'épaisseur du concept de talent stratégique : recruter un talent ne devrait pas principalement s'attacher à respecter un budget ; répondre à une stratégie, une vision, une ambition devrait être la préoccupation première.
Se mettre en retrait de la guerre des talents est, en réalité, la première marche d'un retard qui ne saurait être rattrapé. Le coût de ces renoncements répétés est trop élevé, a fortiori dans un monde compétitif et agressif qui change désormais trop vite. Privilégier l'équité au talent, c'est mettre l'entreprise en péril.
La direction des ressources humaines doit donc réapprendre à défier le budget pour se réapproprier son rôle de gardien du talent collectif et protéger ainsi la valeur intrinsèque de l'entreprise. Le sacrifice de l'équité semble injuste, mais en réalité, la démarche est positive car la juste estimation du potentiel dynamise le marché et les entreprises qui voient alors leur profil changer au gré des démissions et des intégrations. Le sang neuf est indéniablement constructif car il participe d'une remise en cause certaine et challengeante des habitudes bien ancrées.
Alors, votons pour l'intranquilité du changement, le rayonnement des talents et l'intelligence du budget. Prenons exemple sur le meilleur de la culture américaine qui favorise, à toute vitesse, la naissance de fleurons disruptifs et dérangeants qui célèbrent de manière assumée leur culture de l'excellence, notamment à travers le recrutement de talents.
Avoir de l'audace donne certes le vertige, mais cela permet d'être à la manoeuvre de son ascension ou de sa descente en fonction des cycles. Plus facile à dire qu'à faire, mais ne pas essayer ?