Le Club Les Echos Engagement Responsable
Le leadership radical
Publications — il y a 3 années
Le 16 juin, à l'occasion du Club Les Echos Engagement Responsable avec Pascal Demurger, nous avons parlé de la force tranquille d'un leadership radical.
Souvent le mot radical heurte les consciences et agite des peurs ; seulement, dans le domaine de l’engagement responsable, il est nécessaire, voire essentiel.
Et cette radicalité constructive s’appuie sur un triptyque nourricier : vision, courage, confiance.
Aller d’un point A vers un point B dont il va falloir tracer le chemin, c’est écrire une histoire avec l’envie de raconter quelque chose. Il faut définir un angle narratif et tenir le cap pour ne pas se disperser, ne pas se décourager, ou ne pas renoncer à ses objectifs avec des compromis tentants, mais fâcheux pour l’authenticité de l’engagement.
Chaque dirigeant qui choisit l’engagement responsable prend un chemin exigeant qui s’inscrit dans le temps ; c’est souvent un éveil qui donne du souffle au réveil, pour ensuite entraîner quelques adeptes, puis en convertir d’autres et créer ainsi une adhésion de plus en plus large pour finalement convaincre toute l’entreprise et les parties prenantes que c’est le bon choix.
Ce sont des valeurs qui portent l’entreprise et guident les décisions ; ce sont des choix entre plusieurs possibilités qui ne reposent ni sur la même route, ni sur les mêmes résultats.
L’engagement demande du courage pour ne pas tomber dans un discours facile, mais peu comptable de ses résultats. Cela repose sur une gouvernance disciplinée qui assume le rôle de gardien et facilite l’arbitrage de dilemmes parfois inévitables entre l’écologie et l’humain, l’humain et l’économie, l’écologie et l’économie. Tout n’est pas toujours simple.
C’est ainsi que Total est régulièrement décrié au nom de son activité polluante, mais c’est oublier le rôle de Total sur le plan énergétique, mais plus encore : géopolitique. Certains voudraient presque que cette entreprise disparaisse, mais ils oublient que Total, c’est notre souveraineté énergétique ; c’est un bouclier contre certaines pressions géopolitiques qui nous prendraient à la gorge pour éviter le risque de pénurie. Dans ce contexte, l’enjeu est de définir une chaîne de valeur de production d’un pétrole propre et/ou vert, Et, ce type d’engagement oblige à réfléchir, à abandonner des pratiques, des partenaires ; c’est le choix d’un autre modèle et ce n’est pas simple.
Alors, il faut avoir en tête que piloter des engagements responsables demande du courage et une certaine radicalité pour maintenir de la constance et se frotter à l’épreuve du temps.
Gouverner à l’aune de vrais critères ESG (environnement, social, gouvernance), sans donner la priorité à un critère en particulier, mais en leur donnant à tous une juste place, c’est l’œuvre d’une détermination collective.
Tout dirigeant qui souhaite entreprendre ce chemin doit le faire avec ses équipes ; la pédagogie du sens des engagements responsables est indispensable, mais insuffisante ; il faut encore faire la preuve de l’honorabilité de la parole des dirigeants ; les collaborateurs comptabilisent les pierres de confiance ; ils comptent les points avant de croire vraiment dans la sincérité de grandes annonces. Puis, quand le doute n’existe plus, c’est une formidable marée humaine qui se met au service de l’entreprise et des clients, au nom du bien commun. C’est une foule qui devient doucement, mais fermement radicale, dans le sillon de dirigeants fiers de bâtir quelque chose avec des collaborateurs engagés qui ressemblent à la mer.
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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.