La percée de la gouvernance
Actualités — il y a 1 semaine
La gouvernance invite au courage décisionnel et installe un agenda stratégique plus dense dans le quotidien de l’entreprise.
Un contexte porteur
La grammaire économique évolue : nous allons de crise en crise, de désengagement en désengagement sur fond de "stop and go" et la stabilité s’éloigne comme un rêve lointain.
L’actualité géopolitique connaît une haute intensité : le monde est traversé par 150 conflits dont une douzaine considérés comme des guerres majeures. Cette instabilité mondiale percute les flux migratoires et les efforts climatiques.
Les pays sans conflits armés sont mis à rude épreuve car désormais le cyber espionnage, les cyberattaques et les réseaux sociaux déstabilisent les régimes politiques avec une guerre technologique mondiale dont les acteurs principaux sont les USA, la Chine et pour partie la Russie. Le leadership se dispute dans l’espace, la mer ou les océans avec les câbles sous-marins et sur terre avec l’informatique quantique qui promet autant de menaces que d’opportunités.
Le récent isolationnisme américain achève de fracturer le multilatéralisme et les dirigeants d’entreprise rencontrent des défis aussi stratégiques qu’économiques tandis que l’Europe est fragmentée et désorientée.
En 2025, les risques géopolitiques sont considérée par 74 % des dirigeants d’entreprise comme une préoccupation majeure. C’est dans ce contexte que nous observons une percée de la gouvernance.
Des voix s’élèvent enfin pour acter que la gouvernance est un levier stratégique manquant ; la plupart des organisations respectent les obligations légales, sans plus, alors que la gouvernance est un instrument de stabilité qui donne durablement confiance aux parties prenantes.
Un investissement stratégique
La gouvernance est une réflexion globale qui relie les points pour coordonner une action cohérente et interdépendante. C’est l’antithèse du silo car tout est lié et un grand nombre de risques peuvent être anticipés.
Le bruit autour de la gouvernance est intéressant ; en quête de solidité, l’écosystème entrepreneurial commence à se tourner vers la gouvernance pour compenser le tri plus sélectif des investisseurs.
Nous voyons également des acteurs du conseil qui se positionnent sur la gouvernance pour récupérer ce qu’ils perdent ailleurs car la conjoncture est difficile.
Soyons vigilants car la gouvernance ne doit pas susciter un intérêt opportuniste pour professionnels désœuvrés. C’est un métier qui implique une réflexion allégée de tout conflit d’intérêts ; c’est un travail très structurant en termes d’alignement, de sens et de cohérence qui réduit in fine le recours au conseil.
La gouvernance invite au courage décisionnel et installe un agenda stratégique plus dense dans le quotidien de l’entreprise. C’est un savoir-faire qui pose question à tout et prépare naturellement l’entreprise à piloter sa transformation car la gouvernance challenge régulièrement la feuille de route. C’est un outil d’agilité qui permet de garder le cap sans positionnisme dogmatique.
Un agenda brûlant
Les entreprises et l’État ne peuvent plus faire l’impasse sur trois enjeux en état d’urgence :
La transformation est un enjeu décisif et nous sommes très en retard. Chaque organisation peut alléger son fonctionnement de toute bureaucratie, mais le mieux consiste tout de même à pivoter de l’adaptation à la transformation du modèle de croissance pour réinventer l’entreprise dans un contexte d’urgence climatique.
L’employabilité est un défi national qui implique une coopération "public-privé" ; la technologie va continuer de coloniser nos organisations et challenger brutalement la place des collaborateurs. Aussi, tout le monde doit prendre conscience du péril déjà là car la violence du changement sera sans sommation : la technologie gagne rapidement du terrain et change en profondeur notre rapport au travail ; et un jour, nous nous réveillerons pour constater combien il est trop tard pour rattraper ce qui aura été évité en dépit des alertes.
Enfin, la technopolitique percute la gouvernance mondiale ; les enjeux sont existentiels et obligent les États à avoir une gouvernance pour définir un curseur éthique et civilisationnel.
L’issue de ces enjeux définira notre avenir et c’est vertigineux.
Version courte parue dans le journal Les Échos, lire ici.
Nicole Degbo
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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.