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Gouvernance

La liberté au bureau

Publications — il y a 3 années

❛Nous luttons justement pour des nuances, mais des nuances qui ont l’importance de l’homme même.❜ Albert Camus

Le COVID-19 a fait une victime consensuelle : le bureau. Le télétravail et l’ampleur de la crise économique en cours obligent à réfléchir encore plus que d’habitude en termes d’économies d’échelle. Et, le bureau semble la parfaite variable d’ajustement. 

Depuis, un grand nombre de sondages semblent accréditer le consensus autour du télétravail ; mais, la réalité est plus trouble : bien-sûr, les salariés souhaitent travailler dans un climat de confiance et l’autonomie du télétravail fait partie des bonnes pratiques plébiscitées. Mais, il n’est pas du tout certain que ne serait-ce que la moitié des travailleurs aient une envie franche et nette de télétravail en guise de principe dominant ; en réalité, ils expriment un désir de liberté au bureau. Ils aimeraient que cette agilité obligée pendant le confinement se poursuive, sans bureaucratie et avec la simplicité d’une agilité efficace et non subie. 

Des millions de gens sont attachés à leur bureau, même si la « littérature » française aime à blâmer le bureau, lieu symbolique de la défaillance managériale. 

Mais, avons-nous questionner le bureau avec bienveillance ? Certains réduisent le bureau à sa dimension humaine. Le bureau serait un lieu de rencontres censé célébrer l’intelligence collective alors même que la majorité fustige la médiocrité de la dynamique collective des entreprises. 

Assurément, le bureau est un lieu de rencontres et de coopérations. Il permet aux uns et aux autres de se connaître, de discuter ouvertement de divers sujets pour faire avancer des dossiers ou même imaginer de nouvelles opportunités ; c’est également un lieu formidable de transmission des connaissances et de passerelle intergénérationnelle ; c’est aussi un univers qui facilite (normalement) le brassage socio-culturel. 

Mais est-ce la seule fonction du bureau ? 

La révolution technologique semble nous dire que l’ordinateur est le nouveau bureau. Il suffit d’avoir un portable et de l’amener partout pour être en capacité de faire preuve, à tout le moins, d’une grande agilité spatiale ; ensuite, par capillarité, l’écosystème des applications vient faciliter le partage de documents et d’informations en ingénierie de projets. La technologie encore favorise des réunions par téléphone ou webcaméra désormais. 

Mais est-ce si simple ? 

Il n’est pas aisé de dire si c’est un marqueur générationnel ou typologique, mais un grand nombre de personnes ont besoin d’être au bureau, de disposer de leurs outils de travail, autres que technologiques ; ce sont des livres, des revues, des études ou tout autre repère matériel. Ce sont des moyens à disposition qui viennent nourrir une réflexion ou challenger une position. Ce sont des matériaux qu’il n’est pas toujours utile de posséder deux fois (physiquement et numériquement) ou difficile de déplacer sans oublier quelque chose ; ce sont des préférences aussi qui prévalent selon l’humeur ou les circonstances. Certains aiment le papier, tordre les pages, souligner des phrases et c’est pour le mieux pour l’industrie des livres et pour certaines zones du cerveau qui risquent de s’atrophier à force de ne pas être sollicitées à l’ancienne. 

Pour d’autres, le bureau représente aussi une bulle intellectuelle ; c’est un lieu où il est possible de s’isoler et de mettre la maison à distance, de même que les soucis de la vie ordinaire. C’est un lieu où il est censé être facile de penser. 

Parmi les sujets, il y a donc cette réflexion : comment nous sommes-nous débrouillés pour tuer cette richesse du travail au bureau, au point d’imaginer que celui-ci n’est plus nécessaire, mais plutôt optionnel ? 

Enfin, la défaillance de la gouvernance d’un grand nombre d’entreprises s’illustre parfaitement dans le postulat qui sous-évalue clairement le rôle du bureau dans la propagation des valeurs et de la culture d’entreprise. L’entreprise est-elle une série d’individus qui cohabitent isolément ou est-ce une communauté humaine qui partage un but commun et choisit d’unir le meilleur des équipes pour exécuter la mission de l’entreprise ? 

Cette facilité à abandonner, au moins théoriquement, le bureau raconte quelque chose : elle affirme implicitement que le collectif n’est pas vraiment le sujet. Les débats s’articulent autour de la manière dont l’individu peut s’épanouir à distance, mais il y a peu d’engouement pour le génie du collectif ; il y a peu d’émulation pour (ré)apprendre à travailler ensemble. 

Ce constat est la triste défaite du bureau ; ce sont les directeurs financiers ou les CEO qui s’expriment. La DRH organise, régule, mais encore une fois, prend peu position pour oser affirmer la réalité de sa pensée et c’est bien dommage car cela montre encore une fois, s’il en était besoin, qu’elle se laisse déposséder d’un débat vital sur l’organisation du travail alors même que le rôle de la DRH la rend comptable de ce sujet. Et, il ne faudrait pas que la responsabilité de la DRH soit étrangement déportée sur les managers qui verraient alors exploser leur charge mentale. 

Ce débat qui occupe l’espace et le temps, avec une forme de légèreté sérieuse, (re)questionne en réalité la valeur du travail, de même que le rôle et les responsabilités de chacun au sein de l’entreprise.

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Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de trouver sa mesure profonde.

Albert Camus