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Télévision - Médias - Transformation

Cycle Transformation Métier

Éduquer ou divertir ?

Actualités — il y a 5 années

Temps de lecture: 2 minutes

Divertir ou éduquer ? Les deux mon Capitaine !

Sans doute que l’ère des fake news oblige un peu plus à repenser l’action d’éducation des peuples, car il en va de l’intérêt de la Nation ; il en va de la raison de la Nation qui doit faire taire les complotismes pour informer, rendre les esprits suffisamment vifs pour interroger les faits, les mettre en perspective de l’histoire et évaluer notre capacité collective à apprendre de l’histoire, à devenir meilleurs à la lumière des faits du passé qui tissent la toile de notre histoire commune.  

La télévision est un inévitable passeur de culture. Elle instruit, nourrit les cerveaux ou peut au contraire les diminuer ; elle peut abrutir les esprits en servant au quotidien des programmes bêtifiants et sans intérêts parce que l’audience est au rendez-vous. Cette complexité des audiences est sans doute la ligne qui sépare les chaines privées des chaines publiques. 

Le conflit d’intérêt n’est pas le même ; non pas que la télévision publique n’ait pas le devoir d’être performante, rentable et séduisante aux yeux des spectateurs mais, elle peut mettre à une certaine distance le devoir pressant de faire un carton plein chaque soir. 

On se souvient tous de cette célèbre phrase : "vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola." Si drôle et si tragique cette phrase. Un funeste objectif dont peut se passer la télévision publique par exemple. 

Et de manière générale, à observer, non sans rire, la guerre qui oppose notamment Canal plus et TF1, tout le monde est face à une réalité sans appel : il faut refonder la télévision. 

Pas seulement en courant après l’offre digitale, pas seulement en développant une offre multi-support ; non, il faut repenser le rôle de la télévision dans l’écosystème. A quoi peut-elle ou doit-elle servir ? Quel rôle doit-elle remplir ? Comment peut-elle élever la Nation ? 

D’aucuns crieront haro car selon eux, la seule vocation de la télévision est de divertir, de distraire et apaiser le cerveau de millions de travailleurs ou non qui ressentent le besoin de ne penser à rien. La télévision pourrait être alors effortless ; elle pourrait proposer un défilé d’images dont le but est de reposer le cerveau : ne pas penser, ne pas réfléchir, juste sourire et rire si possible. Décompresser en mettant le cerveau au repos : un coup d’arrêt à nos intelligences, le temps d’un instant qui dure et qui dure.

Ou alors, on cultive le parti pris selon lequel la télévision a un rôle social et même sociétal : celui de l’éducation culturelle du pays. 

Son rôle pourrait être de donner à chacun les clefs de distinguer le bon grain de l’ivraie ; elle pourrait mettre à distance la culture de la polémique low cost pour offrir un socle réflexif de premier niveau ; un pari somme toute audacieux qui pourrait à la longue devenir addictif. 

En effet, il faut être bien arrogant pour édifier le postulat selon lequel les gens se complaisent dans la médiocrité et de fait se satisfont, voire plébiscitent la faiblesse des programmes actuels. 

Les audiences sont fragmentées avec l’arrivée de la TNT ; la concurrence casse les codes avec des outsiders inédits tels que Netflix qui édictent ses propres règles, la technologie du replay explose la consommation à la demande et la radio offre désormais des séquences filmées.

La télévision a perdu le nord ; elle a le tournis et s’enivre de culture faussement populaire pour abaisser le niveau de la proposition de valeur. 

Et bien, l’heure a sonné de faire son aggiornamento pour inventer un nouveau business model viable et modulaire pour satisfaire le plus grand nombre des appétits, sans abaisser cependant l’éducation des peuples. 

Réhabiliter la curiosité, inviter au questionnement, transmettre le goût des mots, donner envie de connaître le monde, plonger dans la culture sous toutes ces formes. 

Grandir, grandir, grandir… malgré un appétit cathodique… voilà ce que pourrait être la révolution audiovisuelle !

 

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Theodore Levitt