Cité de la Réussite
Croire en nous
Actualités — il y a 1 semaine
Croire avec assurance…
Croire dans la société
C’est le défi que les sociétés à travers le monde doivent relever ; il s’agit de créer les conditions de croire en l’avenir, avec confiance, par-delà l’incertitude qui caractérise notre époque, et de plus en plus.
L’ambition n’est pas vaine car les sociétés sont affaiblies par une panne générale du récit ; où allons-nous ? Et pourquoi y allons-nous ? Il n’y a plus de réponse qui crée l’adhésion et la panne du récit singulier est une circonstance aggravante : les gens sont désorientés.
Alors, rien d’étonnant que de découvrir qu’une large partie de la population compense ce manque total d’inspiration en bifurquant vers des aspirations très individualistes ; voilà comment se créent des communautés de gens de plus en plus isolés qui se réchauffent le cœur et l’esprit avec des attentes à l’image de la vulnérabilité qui les secoue.
Nous sommes collectivement devenues fragiles car il y a un désalignement entre la gourmandise du capitalisme qui tarde à redéfinir un cadre acceptable pour tous et le capital moral des entreprises et des institutions ; par ailleurs, nous sommes à l’ère du discrédit qui jette une lumière crue sur l’enjeu de représentativité. Les progrès tardent à venir et ceux qui espéraient quelque chose de mieux sont à bout de nerf et de patience ; ils veulent plus dès maintenant, tout en affirmant leur défiance.
La confiance s’est diffractée avec l’éthique de la promesse ; les citoyens ne croient plus en la capacité du politique de changer leur vie ; le ressentiment et le désespoir gagnent au profit du populisme et des autocrates qui se nourrissent des peurs et des espérances, sans toutefois apporter des solutions réalistes et viables. C’est vital, c’est mondial.
Cet état général de vulnérabilité est en train de briser le consentement démocratique des nations.
Croire dans nos entreprises
Les entreprises semblent être une alternative presque totale ; et cela est déraisonnable tant les pouvoirs publics déléguent peu à peu certains de leurs champs d’intervention. La santé, l’information, la confiance, élargissent le cadre de la réponse des entreprises qui ne savent plus à quel saint se vouer ; l’incertitude s’est érigée en principe et les entreprises doivent enquêter comme des détectives pour anticiper et gérer les risques avec différents scenarii. Plus que jamais, l’entreprise a besoin de garnir avec un flair de renard sa boite à outils pour être prête à faire face à la brutalité de l’imprévu.
L’agilité devient une qualité indispensable, mais elle dépend des hommes et de la gouvernance ; elle est notamment influencée et nourrie par la compréhension aguerrie de l’état du monde et par capillarité des menaces et des opportunités. Cela oblige à mettre les forces et les faiblesses des organisations en perpective et à raisonner en intégrant la réalité de la polycrise.
L’entreprise vit désormais avec une tension permanente et s’agissant de la France, la chose est aggravée par l’instabilité politique et la pression budgétaire. Et au milieu de tout cela, la place de l’Europe ne cesse d’être discutée. Elle semble à la fois une évidence et en même temps un bouc-émissaire donc il n’est pas simple de construire une Europe solide et souveraine pour peser face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie.
C’est dans ce cadre mouvant que l’entreprise doit savoir s’organiser pour identifier des signaux faibles et faire de l’intelligence économique pour construire une prospective éclairée et ouverte sur le monde afin d’être une véritable aide à la décision. Et, il va sans dire que nous parlons bien du soft power de l'entreprise.
Ce sujet est d’importance car nous allons vers une ère qui s’éloigne du curseur bien vs mal ; c’est plus que jamais la loi du plus fort qui l’emporte. Les entreprises doivent respecter leur valeur, en comprenant que le monde qui vient sera impitoyable et assumé.
Ces nouveaux paradigmes devraient inviter les organisations à redéfinir leur socle de compétences à travers leurs recrutements et leur capacité à évaluer les collaborateurs ; quelles sont les compétences rares dont disposent certains salariés ? Plutôt que d’encourager les salariés à se mouler dans un cadre lisse et confortable, il est urgent que les entreprises apprennent à repérer les neuro-atypiques dans leurs équipes pour leur faire confiance et les laisser libérer leur potentiel. Les organisations ont besoin d’avoir des personnes qui pensent différent et savent décoïncider ; bien-sûr, il y a des techniques d’animation créative pour forcer l’imagination collective, mais il y a des êtres dont le fonctionnement même pousse vers d’autres chemins qui pourraient être celui de la félicitée d’un grand nombre d’entreprises qui, souvent, ne flirtent pas avec ces perspectives tant elles sont silencées au profit d’une idéation plus conventionnelle.
Par ailleurs, la guidance digitale collective nous pousse inexorablement vers une uniformité ; les exclus seront en marge, tandis que les autres se croiront uniques alors qu’ils utiliseront tous les mêmes outils et les mêmes bibles pour prompter et apprivoiser le génie des machines. La ligne de fracture sera le point de départ cognitif de chaque personne et non mécaniquement la catégorie sociale.
Aussi, gardons-nous de l’ennui, d’une société moderne, mais littéralement formatée par les machines ; et notons que la guerre de la singularité repose à l’évidence sur l’individu.
Croire en nous
Alors, dans ce marasme, comment garder les individus au combat ? Ce n’est pas facile, mais c’est possible. C’est une guerre résolument méthodique et dont la première bataille est celle de la confiance en soi, puis dans les autres. C’est le point de départ pour oser se jeter dans le vide et encourager les autres à le faire. Trop souvent, ceux qui sont embolisés par le doute ont des stratagèmes conscients ou inconscients pour décourager les autres.
La seconde bataille consiste à apprendre à naviguer dans l’incertitude avec l’esprit clair ; l’esprit critique devient une arme de construction massive pour décoder le monde, voir les sous-jacents des enjeux évidents et questionner les angles morts pour emprunter le bon chemin.
La troisième bataille est celle du rêve ; osons nous frayer un chemin vers nos rêves car c’est un pas certain vers la vitalité de la passion. Nos âmes sont devenues tièdes alors même qu’il y a tant à imaginer, à bâtir, à réinventer.
Le rêve est une ressource démocratique, mais certains en ont verrouillé l’accès cognitif donc ils vivent une existence pratique et matérielle qui peut manquer d’élan inspirationnel. Le rêve peut être le fioul de l’action quand il ne reste pas à l’état de fantasme.
La combinaison de ces trois batailles recèle une énergie créatrice suffisante pour redéfinir le schéma mental de base de n’importe qui ; le reste consiste à accepter l’idée que la vie est une aventure qui a le goût que chacun choisit de lui donner. L’état d’esprit est un écrin qui peut catalyser l’impact de l’intelligence et des connaissances pour sublimer l’ambition et gagner en agilité.
Nina Metayer a dit : « Les échecs, je les attends ! »
Cette phrase est merveilleuse car elle témoigne d’une personne en action qui prend et assume sa part de risque au service d’un rêve, d’un projet et d’une ambition.
Notre enjeu individuel et collectif est de lutter pour garder de la poésie dans nos vies ; et cela passe par le génie du labeur, la sérendipité de l’exploration et la récompense inattendue du risque. Nina Metayer invite aussi chacun d’entre nous à dire plus souvent « oui » ; mais ce oui, n’a assurément pas la même valeur selon qu’on éprouve intelligemment son cerveau, sa créativité et sa volonté ou qu’on choisisse de céder à la paresse pour déléguer le travail et la créativité aux machines.
Conservons la main sur le curseur et sachons résister à la gourmandise du numérique qui aime à nous mettre suffisamment en confiance pour nous spolier, puis nous augmenter, avant de nous remplacer. La machine a une appétence programmée à notre expérience car c’est sa nourriture. Notre devoir vis-à-vis de nous-même est de faire confiance à notre valeur singulière pour continuer de lui offrir un cadre de je(u) sans cesse plus large.
La confiance est une aventure ; chaque acteur peut faillir, mais ce n’est pas grave ; l’essentiel est que chacun en soit lucide et accepte sa part honorable de vulnérabilité pour ne pas se laisser réduire à ses propres défaillances car sinon, nos défaillances deviennent nos échecs.
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La Cabrik est une fabrik de gouvernance stratégique et humaine qui accompagne les transformations pour relier l'économie à l'humain et est spécialiste des situations de crise de gouvernance.